Corruption (Don Winslow)

 



L'auteur de best-sellers Don Winslow sort en 2017 « Corruption » consacré à la police new-yorkaise.

Le sergent Denny Malone est le chef de la Task force, une unité de choc composée de son meilleur ami Russo et de Monty un colosse noir.

La mission de la Task force est frapper fort les gangs du secteur de Manhattan North qui englobe Harlem et ses cités encore chaudes malgré son relatif et récent embourgeoisement.

Pour se faire respecter dans la rue, les policiers emploient des méthodes brutales sous l’œil complaisant d'une hiérarchie ne s’intéressant qu'aux statistiques surtout en période électorale.

Ces policiers ne sont pas pourtant des modèles d'intégrité et passent des « accords » avec certains criminels, pour arrondir les fins de mois.

Une limite est cependant franchie lorsqu'au cours d'une descente contre un gang dominicain, Malone tue leur chef, Pena et dérobe 50 kilos d’héroïne.

Malgré la mort de Billie, le plus jeune et inexpérimenté d'entre eux, les policiers conviennent de mettre en lieu sur le butin pour le vendre ultérieurement.

Mais rien ne se passe comme prévu, puisque Malone devient la cible d'une enquête du FBI qui l'a piégé pour corruption. Pour se sortir du pétrin, il passe un accord et accepte de devenir un « mouchard » en divulguant les noms d'avocats et de juges corrompus pour atténuer sa condamnation.

Mis sous pression par la juge Diaz et les agents O'Dell et Weintraub, Malone s'enfonce chaque jour dans son malaise, alors que sa vie privée partagée entre son ex femme Sheila et Claudette, une infirmière noire toxicomane, vole en lambeaux.

Tenant le coup avec des amphétamines, Malone accuse ensuite le coup lorsque Torres, son rival corrompu se suicide pour éviter le déshonneur.

Malone dénonce ensuite d'autres policiers et doit jouer finement pour éviter de se faire griller par les gangsters et ses collègues.

La Task force reçoit Levin, un policier prometteur qui s'intègre autant par ses compétences sur le terrain que lors des soirées « bowling » terminant par une virée chez des escort-girls haut de gamme.

Lorsqu'il tente de vendre la marchandise de Pena à son propre clan dirigé par Castillo, les choses tournent mal et même ses « alliés » mafieux italiens ne le protègent plus.

Son contact Saviano le dénonce auprès de FBI pour sauver sa peau, ce qui annule le précédent marché et oblige Malone à dénoncer ses propres collègues pour tenter d'arracher une peine atténuée et l'immunité pour sa famille.

Un raid contre Castillo provoque la mort de Levin et handicape à vie Monty. Seul reste Russo, qui mis au courant de la situation par un Malone rongé de remords, le dénonce à son tour pour protéger les siens en avouant le meurtre de Pena.

Par un improbable concours de circonstances, Malone est rappelé par sa hiérarchie pour récupérer la vidéo d'un policier tuant un jeune noir prenant la fuite, ce qui a provoqué l'embrasement des cités de New-York.

Malone va trouver Carter le chef du gang « black » rival de Castillo et le tue après avoir récupéré la vidéo.

Plutôt que de ramper fidèlement face à la haute hiérarchie de la police et aux autorités locales, il insulte tout ce microcosme qu'il juge encore plus pourri que lui et divulgue la vidéo compromettante ce qui aggrave la situation dans les rues.

Dans un ultime face-à-face, il réussit à tuer Castillo mais est mortellement blessé par le reste de l'équipe de Torres. Malone se traine alors pour admirer une dernière fois sa ville chérie...

En conclusion, pour un premier rencard, « Corruption » vous empoigne par les épaules, vous soulève du sol et vous administre deux bonnes gifles en plein visage.

Dans une ambiance à la « The Shield », on découvre les combines des unités de choc de la police new-yorkaise, cow-boys adepte de l'ultra-violence, devenant à force d'habitude pires que les voyous qu'ils traquent.

Les personnages sont certes un peu caricaturaux, les dialogues rugueux et l'ambiance plutot celle d'un vestiaire empli de testostérone, mais la puissance narrative de Winslow vous emporte dans le New-York des bas-quartiers dans lequel les « minorités » ethniques noires ou latino se combattent à mort pour le contrôle du trafic de drogue.

Malgré l'efficacité et la hargne du roman, malgré la formidable déclaration d'amour à la capitale économique du Monde, on ne peut s’empêcher d'éprouver un sentiment de nausée face à cette « Corruption » qui semble tout imprégner, des policiers de rues jusqu'aux plus hauts politiciens en passant par le système judiciaire...

Rude sans doute, mais Winslow vient avec cette bombe littéraire, de gagner un nouveau lecteur !

Commentaires