The mob rules (Black Sabbath)

 



En 1981, un an après un fort respectable « Heaven and hell » , Black Sabbath poursuit sa mutation musicale et sa marche en avant  pour sortir « The mob rules » à la pochette il faut en convenir particulièrement hideuse et détestable.

Le légendaire batteur Bill Ward, malade cède ici sa place à Vinnie Appice tandis qu’au micro c’est toujours Dio, le lutin à la voix d’airain qui fait souffler le vent du renouveau.

« The mob rules » démarre sur les chapeaux de roues, avec « Turn up the night » , merveille de petit titre parfait à la fois hard, rapide et nerveux.

Emballé c’est pesé comme dirait mon boucher, qui à n'en pas douter s’y connaît en matière de pièces de choix.

Plus calme et classique dans sa structure, « Voodoo » bien que bien exécuté fait fortement retomber la pression.

Black Sabbath signe alors l’un de ses plus grands classiques « The sign of the southern cross » , long titre fleuve de prêt de 8 minutes à l’atmosphère majestueuse, mystérieuse et épique.

La voix de Dio se coule ici à la perfection dans les riffs lourds et racés de Iommi pour produire un morceaux des plus envoûtants.

L’angoissant et étrange instrumental « E5150 » introduit « The mob rules », qui aurait du être le titre phare de l’album mais qui n’est en réalité qu’un morceau de hard rock classique linéaire et syncopé plutôt ennuyeux.

« Country girl » n’est pas un hommage aux bouseux rednecks mais un hard rock au rythme balancé plaisant avec un joli break mélodieux  à la « Die young » en son milieu du plus bel effet.

En revanche « Slipping away » appartient à la catégorie des titres faiblards sans aucun punch, originalité ni envergure.

Deuxième perle mélodique du disque, « Falling out the edge of the world » entraîne l’auditeur après une superbe introduction en douceur dans une  chevauchée rythmée ou la guitare de Iommi déchaîne la foudre.

Dio se surpasse sur« Over and over » , long titre épique dégoulinant de grâce et de mélancolie qui conclut ce disque de la plus belle des manières.

En conclusion, « The mob rules » est un album inégal qui malgré ses qualités se situe un cran en dessous de son prédécesseur.

Après un début en fanfare, le disque contient un creux artistique des plus désagréables mais se ressaisit au final par les deux dernières power ballads.

Dio chante globalement très bien, mais sa voix est encore plus impressionnante dans un registre semi mélodique que sur des morceaux plats de hard rock de seconde main trop souvent présents dans sa carrière solo.

« The mob rules » marque la fin de la collaboration entre Dio et le groupe anglais, l’ego du petit chanteur américain étant trop développé pour être compatible avec celui de Iommi, l’âme damnée du Sabbath Noir.

Ces deux albums avec Dio bien que intrinsèquement de bonne qualité lanceront donc une nouvelle orientation musicale vers le heavy metal très balisé des années 80 ce qui aura pour effet à terme de gommer le caractère si original et créatif du style qu’avait inventé les quatre sorciers de Birmingham dans les années 70.

Le début d’un long effritement donc.

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