L'Origine des espèces (Charles Darwin)

 



« L’origine des espèces » de Charles Darwin est souvent classé dans les livres majeurs ayant changé le monde et bousculé les idées reçues en raison de leur coté novateur.

Il me semblait donc intéressant de m’atteler à sa découverte.

Première remarque, il s’agit d’un ouvrage scientifique écrit par un savant et non d’un roman écrit par un écrivain, inutile donc de chercher dans « L’origine des espèces » de grands frissons littéraires ou un souffle épique qui vous emportera.

Le style est précis, assez froid et aride, la forme structurée (presque trop) puisque Darwin se résume souvent et souligne  fréquemment les transitions entre les différentes parties de son ouvrage qu’il mit plus de vingt ans à rédiger à partir d’observations de la faune et de la flore qu’il réalisa en 1831 lors d’un voyage en bateau d’une durée de cinq ans qui le mènera de l’Angleterre à l’Amérique du Sud, en passant par l’Afrique, l’Australie et les îles de l’hémisphère sud.

Le but de Darwin est de prouver une théorie de l’évolution, permettant à partir d’espèces  animales ou végétales originelles et  généralement éteintes de remonter jusqu’à nos jours par un système d’arbres généalogiques.

Cette théorie allant à l’encontre du créationnisme religieux qui décrétait que Dieu avait crée toutes les espèces indépendamment les unes des autres, était à l’ époque très hardie et difficile à défendre.

Le fondement de la pensée de Darwin repose sur la notion de variabilité des espèces mais encore faut il mettre cette variabilité en évidence et cerner les facteurs susceptibles de la provoquer.

Darwin s’intéresse tout d’abord aux animaux domestiques, qui sélectionnés artificiellement par l’homme pour répondre à ses besoins, finissent par évoluer de telle manière à former une nouvelle espèce n’ayant presque plus aucun lien avec l’espèce sauvage dont elle était originellement issue.

A cette sélection par l’homme s’ajoute la cause prépondérante de la variabilité celle de la sélection effectué par la Nature.

Pour Darwin en effet, les espèces sont en perpétuelle compétition pour leur survie, ce qui fait que seuls les individus les mieux armés sont susceptibles de perpétuer leur race par le principe de l’hérédité.

Hors pour survivre au fil des siècles, les espèces n’ont pas d’autres choix que de s’adapter pour faire face aux variations de leur environnement, soit par rapport aux conditions climatiques, soit par rapport à leurs prédateurs ou à leurs concurrents.

Donc seuls ceux présentant les facultés d’adaptation les plus grandes survivent et se propagent, les autres étant condamnés à plus ou moins grande échéance à l’extinction.

Si la sélection naturelle semble être le facteur principal de l’évolution, la sélection sexuelle des mâles les plus vigoureux ou attirants joue aussi un rôle dans la propagation d’une espèce.

Pour désamorcer les critiques qu’il pressent venir de la communauté scientifique, Darwin élève cependant des objections à sa propre théorie, la principale étant l’absence de chaînons ou d’espèces intermédiaires attestant de l’origine commune d’une espèce.

Bien que ne niant pas cette difficulté, il rétorque par l’argument selon lequel l’évolution se fait selon un processus lent, sur et complexe que l’homme ne peut percevoir de manière absolue.

Outre le caractère incomplet des vestiges géologiques permettant de retrouver des espèces disparues, Darwin explique que les espèces intermédiaires si difficiles à détecter sont de toute façon rapidement éliminées et remplacées par les nouvelles espèces dominantes.

Un bon exemple illustrant cette théorie est l’arrivée d’espèces immigrantes continentales sur une île jusqu’alors isolée, ces espèces issues du continent plus habituées à s’adapter finissant par supplanter les espèces autochtones et bien qu’issues d’une souche continentale, finissant par elles même évoluer de manière complètement différente pour donner naissance à une nouvelle race insulaire.

Darwin termine son ouvrage en mettant en doute la classification actuelle des espèces et le travail des naturalistes qui ne se concentrent que sur que quelques organes vitaux pour établir leur classification, délaissant d’autres facteurs comme la propagation héréditaire d’organes en apparence inutiles ou atrophiés par le non usage, pouvant être la preuve de liens entre espèces non directement affiliées.

En conclusion, « L’origine des espèces » est un ouvrage scientifique de haute volée, présentant de manière précise et argumentée les conclusion passionnées de plusieurs années de recherche théorique et de travaux d’observations de la faune et de la flore sur tous les continents du monde.

L’auteur se montre je trouve tout à fait humble et lucide, n’hésitant pas à mettre en évidence l’incompréhension de l’homme sur des phénomènes se situant à des échelles de temps le dépassant complètement.

J’ai beaucoup apprécié sa conclusion optimiste en forme de transmission de témoin à de nouvelles générations de chercheurs qu’il espérait plus ouverts d’esprit.

Lire « L’origine des espèces » est pour moi s’intéresser à l’origine de la vie, tache ambitieuse, dérangeante, effrayante bien que Darwin laisse soigneusement de coté la question tabou de l’origine de l’homme.

Si aujourd’hui la théorie de l’évolution affronte toujours la théorie de la création, on reconnaîtra qu’avec cet ouvrage doté d’une véritable approche scientifique et de beaucoup d’intuition à une époque ou la génétique était encore inconnue, Darwin marqua les esprits à tel point qu’on peut considérer qu’aujourd’hui sa théorie comme massivement dominante.

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