Paranoid (Black Sabbath)

 



1970 est bel et bien une année exceptionnellement riche dans l’histoire du heavy metal car après le choc novateur de son premier album, Black Sabbath récidive la même année en sortant sans doute son chef d’œuvre le plus abouti « Paranoid ».

Le plus comique est que à l'époque, ce disque de grande classe fut démoli par les critiques rock  avant d’être parallèlement massivement plébiscité par le public.

Un mot sur la pochette, qui si elle ne possède pas le coté gothique fascinant du premier album, demeure tout du moins incroyablement déroutante avec cette menace quasi onirique fondant sur l’auditeur.

« Paranoid » début par « War pigs » , merveille de prêt de huit minutes, construite à base de riffs terriblement puissants, de nombreuses cassures rythmiques et de lignes vocales irrésistibles.

L’aspect politique et nihiliste est bel et bien présent puisque Ozzy chante de sa voix légèrement nasillarde son dégoût de la guerre du Vietnam.

Après cette introduction impressionnante, le Sabbath aligne sa pièce maîtresse, « Paranoid » , hit single doté d’un riff d’une efficacité surnaturelle qu’on peut considérer comme l’un des plus grands tubes jamais écrits dans l’histoire du rock.

A l’époque « Paranoid » fut l’arme absolue qui permit au groupe d’exploser et de se hisser dans les charts grands public.

Changement radical d’ambiance sur « Planet caravan », car si les deux premiers morceaux projetaient du metal en fusion, l’atmosphère douce et planante est ici plutôt celle d’une rêverie mystique, d’un voyage cosmique issu de délires de drogués en plein trip.

Prêt de quarante ans après, cette ballade enfumée aux textes sublimes produit toujours une impression magique.

Réveil brutal avec « Iron Man », deuxième tube d’acier à l’aura surdimensionnée de ce disque.

L’immense popularité de cet homme de fer est sans nul doute due à ce riff simpliste mais prodigieusement efficace.

Retour à une ambiance plus poisseuse, sombre et menaçante avec « Electric Funeral » qui changeant l’air en plomb, asphyxie l’auditeur, paralysant son système nerveux pendant plus de deux minutes avant de brutalement le choquer  d’une terrible décharge électrique puis de le replonger dans ce même magma hypnotique.

Impossible de résister à pareil traitement …

Si « Electric Funeral » traitait avec beaucoup de pessimisme de la menace nucléaire aboutissant à la destruction du monde, « Hand of Doom » réussit le tour de force d’égaler son modèle en développant sur plus de sept minutes un thème et une ambiance analogues.

Court interlude instrumental d’inspiration jazzy sur « Rat salad », qui prélude « Fairies wear boots » , magnifiquement envoûtant par sa sombre beauté ensorcelante.

En conclusion, bien qu’assez différent de « Black Sabbath », « Paranoid » n’en demeure pas moins un album magistral.

Moins tristement glacé et monolithique que son prédécesseur, « Paranoid » présente une musique variée, riche, surprenante, réussissant à atteindre un équilibre subtil entre longs titres complexes et tubes heavy metal au punch et à l’efficacité proprement incroyables.

Ne nous y trompons pas, le ton est toujours terriblement nihiliste et sans espoir, mais avec ce disque, Black Sabbath parvient à élargir son répertoire pour toucher un public plus large et connaître une consécration mondiale.

Avec un Ozzy Osbourne dominant parfaitement son sujet, ses multiples cassures rythmiques de la paire Ward-Butler, ses riffs en acier trempé et ses sublimes mélodies issues de la guitare de Tommy Iommi, « Paranoid » a tout pour demeurer est un des disques les plus importants de l’histoire de la musique.

A mes yeux, « Paranoid » a tout du disque obsédant et incontestablement culte qui hantera des générations entières d’êtres humains.

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