Sabbath bloody sabbath (Black Sabbath)

 



Appliquant le vieil adage de battre le fer tant qu’il est encore chaud, nos métallurgistes de Black Sabbath alignent gaillardement « Sabbath bloddy sabbath » en 1973 soit un an à peine après leur dernier méfait.

D’un premier abord le niveau de recherche artistique semble cette fois plus élevé sur la pochette, à la fois morbide et fantastiquement sophistiquée.

La sorcellerie et l’ésotérisme ayant toujours été revendiquées par le groupe, l’image d’un démon prenant possession d’un corps d’un enfant innocent est je trouve une bonne représentation du terrible pouvoir hypnotique et envoûtant de la musique de Black Sabbath en général et de ce disque en particulier.

Le ton est donné avec « Sabbath bloody sabbath » , le groupe a évolué,  le son de guitare bien que toujours lourd est cette fois moins écrasant au profit d’une dynamique accrue et de mélodies d’une limpidité aveuglante.

Légèrement influencé par le rock progressif, Black Sabbath insuffle un souffle nouveau à sa musique à l’origine lourde et sombre, générant sophistication et luminosité complètement inattendue.

Les morceaux s’enchaînent alors formant un tout parfait d’une fluidité, d’une grâce et d’une classe exceptionnelles.

« A national acrobat » dansant en équilibre fragile sur un fil est à tomber à genoux et à implorer grâce devant pareil prodige de musicalité.

Plus doux, le splendide instrumental « Fluff » berce chaleureusement l’auditeur dans un merveilleux enchantement, avant que « Sabbra cadabra » ne vienne le réveiller de sa torpeur à l’aide de son riff mythique.

Divine surprise, « Sabbra cadabra » est un titre joyeux et virevoltant, ou Ozzy Osbourne chante son bonheur d’avoir trouvé l’ame sœur et le moins que l’on puisse dire est que ce torrent de bonheur et de spontanéité est ici irrésistiblement communicatif.

On croit alors pouvoir reprendre un peu son souffle après une pareille pluie de merveilles mais il n’en est rien, le groupe enchaînant avec un « Killing yourself to live » détenteur de la même grâce et du même envoûtement mystique que ces prédécesseurs.

Possédant un coté futuriste assez kitsch aujourd’hui, « Who are you » est peut être le seul morceau à sortir du lot, à briser l’unité sacrée et surnaturelle de l’ensemble.

Néanmoins cette incartade étrange vers la science fiction ne constitue pas pour autant une expérience désagréable.

L’incroyable démonstration de génie reprend avec « Looking for today » avec sa mélodie de flûte aérienne et son refrain tardif terriblement enivrant.

L’album se termine avec « Spiral architect » ses violons, son ambiance de concert classique, son emphase et ses irrésistibles vagues mélodiques qui viennent achever l’auditeur déjà soumis devant une force supérieure qui le dépasse allégrement.

Vous l’aurez compris en lisant mes commentaires dithyrambiques, « Sabbath Bloody sabbath » est pour moi et de fort loin le meilleur album de Black Sabbath, l’un des meilleurs albums que j’ai écouté dans toute ma vie et une référence absolue de ce que le heavy metal a produit de mieux dans son histoire.

Black Sabbath se révèle sous un jour nouveau, déploie ses ailes de géant et atteint avec ce disque inoubliable dont chaque note est un enchantement son apogée artistique, enrichissant de myriades de mélodies fraîches et sublimement raffinées son style originel sombre, austère et lourd comme l’enterrement d’un proche.

Si un jour notre civilisation s’éteint, je pense que des extra terrestres venant sur Terre bien après nous découvrant ce disque seraient eux même fascinés comme nous pouvons l’être par les mégalithes préhistoriques de Stonehenge.

« Sabbath Bloody sabbath » : un joyau de pure classe à rendre accro à la musique rock des années 70.

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