Love gun (Kiss)
Parmi la très prolifique carrière de Kiss, on peut dire que la période 1974-1978 correspond à l’apogée de la créativité artistique du groupe avec la quasi écriture de tous leurs classiques repris même encore maintenant sans vergogne sur scène.
En quatre ans, le groupe a donc pondu six albums studio et deux albums live qui marqueront à jamais l’histoire de la musique rock.
Sorti en 1977, « Love gun » marque le dernier stade de cette fulgurante ascension qui sera couronnée d’une tournée et d’un album live « Alive II » considéré encore aujourd’hui comme culte.
Composé par le line up originel et historique des débuts, « Love gun » se voit orné d’une belle pochette très soignée ou nos héros semblent régner sur un harem de voluptueuses groupies toutes acquises à la cause de leurs seigneurs et maîtres.
L’influence des comics books se fait ici encore bel et bien sentir, la connotation sexuelle du titre aussi.
Un groupe comme Manowar déclinera jusqu’à plus soif par la suite ce concept machiste de la femelle soumise à la toute puissance du rocker-héros érigé au rang de demi dieu tout puissant.
Le « Pistolet de l’amour » débute par un vol à l’arraché, « I stole your love », impeccablement écrit et chanté par Paul Stanley, qui déroule un hard rock rythmé, direct et efficace comme savait si bien faire le groupe à l’époque.
Plus tendancieux, « Christine sixteen » est un véritable tube rock « vendu » avec accompagnement au piano et refrain irrésistible chanté avec le charisme magnétique habituel de ce grand pervers amateur de fraîches adolescentes qu’est Gene Simmons.
Simmons récidive avec « Got love for sale » , plus poussif malgré son rythme rapide.
Simple, direct et facile jusqu’à en devenir irritant, tel est « Shock me » composé par Ace Frehley.
On retrouve le Kiss, animateur des « parties » des collèges américains de l’époque avec le très festif et réussi « Tomorrow and tonight ».
C’est sans nul doute avec ce type de morceaux festifs et fédérateurs que le groupe a su acquérir un immense succès populaire à cette époque la.
Kiss sort ensuite le grand jeu avec « Love gun » , assurément le meilleur titre de l’album chanté par un Paul Stanley encore une fois parfait.
Avec ses allusions en dessous de la ceintures, ses riffs puissants, ses énormes refrains truffés de chœurs irrésistibles, ses guitares qui s’envolent et sa batterie très présente, « Love gun » entre donc dans le panthéon des classiques incontournables du quatuor new-yorkais.
En comparaison, « Hooligan » écrit par le batteur Peter Criss paraît bien fade avec son rock tranquille et sans relief, un comble pour un titre sensé vanter les mérites des mauvais garçons.
On constate non sans plaisir que le Kiss bestial de Gene Simmons reprend le dessus sur « Almost human » , titre vicieux et rugueux contre balancé par des chœurs vaporeux.
Malgré ses riffs à la AC/DC, « Plaster caster » sonne bien répétitif et ennuyeux mais le groupe termine très fort par « Then she kissed me » délicieuse reprise sous forme de ballade truffée du charme des premiers émois adolescents.
En conclusion, bien que n’étant pas un fan de Kiss et n’étant pas toujours tendre avec eux, il me faut reconnaître que « Love gun » est plutôt un bon album, qui sans être très révolutionnaire, déploie un hard rock varié et protéiforme que ce soit sous l’influence d’un Simmons sauvage, viril et sexuel, ou sous celle plus sensuelle, tendre ou festive d’un Paul Stanley.
En 1977, Kiss faisait du hard rock sans prétention, efficace, populaire et grand public.
Et il le faisait plutôt bien.
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