Born a lion (Danko Jones)

 



En 2002, après prêt de sept ans de galères, Danko Jones sort le rugissant « Born a lion » qui peut être considéré comme son véritable premier album.

La composition du groupe est restée identique à celle des premières années avec John Calabrese à la basse, Damon Richardson à la batterie et Danko Jones lui même à la guitare et au chant.

Pour l’occasion, le trio canadien canalise la fougue hard/punk de ses premiers élans pour proposer un séduisant cocktail de hard rock viril suralimenté, tempéré de quelques plaisantes touches éparses mélodiques pour en augmenter les effets dévastateurs.

Le trio débute par « Play the blues » , pas forcément le meilleur morceau du disque mais suffisamment convaincant en raison du formidable abattage du chanteur rendant hommage aux héros du blues comme pères fondateurs de la musique qu’il pratique.

Le son est titanesque, prodigieusement dense, les riffs et la rythmique écrasantes.

Mais le véritable premier bijou de Danko Jones est sans nul doute « Lovercall », mid tempo rock rehaussé d’un refrain mélodique aérien fantastiquement fédérateur.

C’est cette chanson, son clip urbain très réussi et son coté plus grand public qui me firent découvrir les Canadiens et m’attira dans leurs filets pour en savoir plus.

Danko Jones poursuit sur sa lancée et aligne « Sound of love » avec une efficacité quasi identique mêlant riffs acérés, groove d’enfer et gros refrains fédérateurs dopés par un chanteur au timbre de voix charismatique.

« Papa » réussit le tour de force d’être encore plus irrésistible et donne envie de faire la fête, de retourner le salon et de bouger comme fou chaque partie de son corps.

La démonstration continue avec une insolente facilité sur « Soul on ice » avec ses riffs tranchants comme des lames de rasoirs et son ambiance implacablement hard rock.

« Word is bond » fait monter l’intensité à son paroxysme et laisse sans voix, béat d’admiration devant la classe d’un bonhomme qui semble touché par la grâce et faire renaître la magie du rock and roll ancestral.

Heureusement, le groupe descend un peu de son nuage sur « Way to my heart » légèrement facile et moins inspiré mais c’est pour repartir de plus belle en balançant les nouveaux missiles que sont « Caramel city » et sa belle ode au métissage dont est issu le chanteur , les prodigieusement jouissifs  « Get outta town » et autres « Suicide woman » aux irrésistibles  refrains martelés avec une intensité confinant à de la folie.

L’album se termine en apothéose sur un « Love is unkind » magistral qui fait figure de prêche fiévreux ultra rock n' roll.

En conclusion, « Born a lion » fut un véritable électrochoc pour moi, un coup de foudre musical comme il en arrive une ou deux fois dans une vie.

Perdant toute raison, je fus submergé par cette lame de fond venu du Canada et devins pendant de nombreuses années un aficionado du groupe encore peu connu à l’époque.

Je pense que « Born a lion » est l’un des meilleurs album de rock/hard rock de tous les temps.

Il ne contient quasiment que des tubes alignés sans baisse de régime à une cadence irraisonnée, propre à rendre fou n’importe quel amateur de gros son rock.

L’album prend aux tripes, secoue dans tous les sens, captive par son mélange imparable de puissance, de fluidité et par la voix unique de ce chanteur-batteleur-prêcheur à l’énergie et la foi inextinguibles si communicatives.

On pense à AC/DC ou à Kiss pour le coté basique et efficace, Thin Lizzy pour les variations d’une voix « black »  tour à tour sensuelle ou virile, Motorhead pour l’agressivité frontale, mais le tout formidablement digéré et sublimé par le style et la personnalité d’un être humain unique, habité d’une passion folle envers le rock n' roll des ages premiers.

Coup d’essai transformé en coup de maître génial,  « Born a lion » peut donc être considéré comme un album culte marquant l’éclosion d’un nouveau grand fauve de la savane du rock.

On peut je pense voir ce disque chaud, festif, généreux, direct et intense, comme un bon antidote aux ravages de la musique des Vincent Delerm, Carla Bruni et autres Benjamin Biolay (!)

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