Master of reality (Black Sabbath)


 

En 1971, toujours sur sa formidable lancée, Black Sabbath sort « Master of reality » à la sobre pochette toute de noire vêtue.

Si la composition du groupe reste stable, en revanche son statut a incroyablement changé depuis l’énorme succès de « Paranoid », faisant de  Black Sabbath à une formation de premier plan dans le monde encore balbutiant du hard rock.

« Sweat leaf » ouvre ce disque par une introduction façon « Allô tonton pourquoi tu tousses ? » que n’aurait pas reniée Fernand Raynaud.

Plus sérieusement, « Sweat leaf »  est un titre magique, ou se balance un riff lourd et entêtant au pouvoir hypnotique absolument irrésistible.

Dans ce morceau très controversé, Ozzy Osbourne chante son amour immodéré pour le hachich qu’il assimile à un nouveau dieu guidant sa vie.

L’efficacité des riffs de Tony Iommi est encore au rendez vous sur « After forever » même si ce titre sympathique manque à mes yeux légèrement de tranchant.

Le court et surprenant instrumental Moyenâgeux « Embryo » lance l’ultra massif « Children of the grave » qui balaye tout sur son passage avec sa rythmique colossale.

Le couplage de cette rythmique puissante et menaçante à la voix sinistre d’Ozzy égrenant des textes apocalyptiques permet au groupe d’atteindre l’apogée de son art.

Le court instrumental, « Orchid » apaise salutairement une atmosphère lourde comme du plomb, avant que « Lord of this world » ne déroule sa structure alambiquée et déroutante peuplée de belles envolées mélodiques et de franches stagnations.

Chanté par un Ozzy dans un style particulièrement émouvant et épuré alors que Iommi caresse ses cordes avec douceur, « Solitude » est la très belle ballade mélancolique de l’album.

Long et envoûtant comme un voyage spatial, alternant fulgurances étincelantes et lenteurs poisseuses, « Into the void » conclut brillamment le travail des quatre sorciers de Birmingham.

En conclusion, bien que légèrement moins prenant que ses deux glorieux prédécesseurs  de renom, « Master of reality » n’en demeure pas moins un très bon album ou Black Sabbath confirme son statut de groupe majeur au style inventif immédiatement reconnaissable.

L’auditeur est frappé par ce son écrasant, cet univers sombre, trouble et hypnotique peuplé d’un vaste catalogue de riffs tour à tour séduisants ou menaçants, mais toujours captivants.

Seuls quelques morceaux moins créatifs, des instrumentaux parfois sans grand intérêt et une durée bien trop courte (à peine plus de 34 minutes !) empêcheront  donc ce « Maitre de la réalité » de se hisser au rang des Maitres de ma discothèque.

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