Fuck the system (The exploited)

 



Comme je l’ai dit souvent dans ces colonnes, j’effectue souvent des découvertes au gré du hasard et abordant quelques fois une œuvre par sa fin.

Bien que souvent anarchique, ce mode d’approche me convient bien car il fait place à l’instinct et à un processus naturel souvent prédominant dans l’existence.

Ainsi j’ai découvert en 2003 par hasard le groupe The exploited par leur dernier album au titre évocateur « Fuck the system »  puis me suis après recherche aperçu que The exploited était un authentique groupe culte dans la droite lignée du mouvement punk originel de la fin des années 70.

Faisant figure de survivants au sein d’un mouvement violent mais éphémère, The exploited était, à l’orée des années 2000, composé du chanteur originel Watie Buchan, du guitariste Gogs, du bassiste Mikkie et du batteur Willie Buchan.

Comme l’indique sa pochette et son titre agressifs, « Fuck the system » n’est pas un album commercial ni mélodique mais un jet de bile punk particulièrement corrosif.

Le titre introductif « Fuck the system » débute à ce titre par un long cri de douleur et de rage qui met tout de suite dans l’ambiance haineuse.

Le style chant est typique du punk, avec des vocaux agressifs braillant des textes nihilistes et antisociaux décriant l’horreur du monde capitaliste.

Le son de guitare surprend par sa puissance dévastatrice et sa résonance très métallique à la limite du thrash ce qui tout compte fait n’est pas si  étonnant car les pionniers du punk ont toujours influencé bon nombre de pointures de ce courant du metal dont Slayer, Metallica, Megadeth ou Anthrax.

Le morceau est assez long et bien construit pour un titre punk et les refrains fédérateurs en démultiplient la puissance.

On revient au traditionnel format punk (2 minutes par morceau) et on rentre dedans tête la première sur « Fucking liar » court, rapide, nerveux et rageur puis sur le très cynique « Holiday in the sun » aux rythmiques surpuissantes.

C’est simple, court, direct et très intense.

Pas le temps de gamberger, juste foncer dan la mêlée et se battre jusqu'à la limite de ses forces et au delà.

La révolte prend de l’ampleur sur « You’are fucking bastard » concentré de rage éruptive asséné à coup de marteau pilon.

Détail plaisant à cette époque j’avais quelques conflits dans mon travail et goûtais avec délectation ce message primal mais o combien salutaire dans certaines occasions extrême ou les règles de bienséances ne suffisent plus.

Donc Jean-Sylvaing et ton acceng du sud, sache que cette chanson te sera dédiée pour l’éternité par ton ex exploité préféré.

Comme des puncheurs asphyxiés après un premier round fracassant ou ils se sont beaucoup trop livrés, les Ecossais peinent un peu « Lie to me » et « There is no point » qui ne fonctionnent qu’en vertu de leur cœur énorme.

Mais le second souffle est vite trouvé avec l’hymne punk « Never sell out » aux formidables refrains gonflés en béton armé.

Très cafouilleux et ultra braillard « Noise annoys » heurte les esprits avant que l’incisif« I never changed » et le très métal « Why are you doing this to me »  ne viennent redresser vigoureusement la barre.

La cadence frénétique est tenue sur l’ultra puissant  « Chaos in my life » et le supersonique « Violent society ».

L’album se termine en fanfare avec « Was it me » doté d’une plus grande (relative !) musicalité qui permet d’assoir encore plus le message virulent délivré par le groupe.

En conclusion, vous l’aurez compris, « Fuck the system » n’est pas un disque à réserver aux amateurs de musique complexe et mélodique ni au fans de punk-pop rigolo à la Blink-182, Offspring ou Sum-41.

Il fera fuir tous les amateurs de jazz et de musique classique par sa brutalité primitive plus que par le look rebutant piercings/dreadlocks rouges du chanteur.

Pour ma part je pense que « Fuck the system » est un chef d’œuvre dans son genre et réalise une hybridation parfaite entre l’agressivité du punk et la puissance du metal.

Les Ecossais peuvent donc être  pour moi dans leur registre comparés à Slayer pour la férocité, l’intensité et le refus de compromis.

Certes la musique est simple, peu mélodique, linéaire et tous les morceaux se ressemblent à peu prêt mais en se détachant de la pure technique on trouvera une œuvre d’un engagement inouï.

Malgré l’évolution technologique actuelle, l’homme n’est pas encore une machine parfaite et dans certaines occasions, l’intellect doit passer en second plan, les passions pendre le dessus et c ‘est ce que je ressens à l’écoute de « Fuck the system », une immense œuvre passionnelle écrite avec les tripes de prolétaires écossais simplement révoltés par ce qu’ils voient et vivent au quotidien.

« Fuck the system » peut être considéré comme l’exutoire idéal à écouter lorsque votre copine ou votre boss vous prend la tête, lorsque vous vous sentez à l’étroit ou sans contrôle dans votre vie, quand assister impuissant au déroulement des événements vous rend fou ou quand simplement vous désirez faire le plein d’énergie pure.

Il pourrait également être l’album idéal des populations luttant actuellement contre leurs oppresseurs.

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