Nouvelles complètes 1, 1947-1953 (Philip K Dick)

 

Grand admirateur de Philip K. Dick je me suis finalement décidé à lire la volumineuse intégrale de ces nouvelles avec « Nouvelles complètes 1, 1947-1953 ».

Œuvres de jeunesse donc publiées souvent dans des Pulp's ces magazines populaires de l'époque spécialisés dans la littérature de genre, comme est considérée la Science fiction.

Très fortement influencé par la Guerre froide de l'après Seconde guerre mondiale et le spectre d'un conflit majeur avec l'URSS aboutissant à la fin du monde dans un holocauste nucléaire, le futur imaginé par Dick est majoritairement sombre et angoissant.

Dans ce futur dans lequel l'homme s'est auto-détruit, les machines ont pris le pouvoir, soit de manière sage comme dans « Les Défenseurs » pour recréer une société plus pacifique, soit hostiles comme dans « Le grand O » « Nouveau modèle » « L'imposteur » dans lesquels les robots sont devenus les maitres des humaines après que ces derniers leur est offert la gouvernance de leurs mondes.

Quand ce ne sont pas les jouets (« La révolte des jouets ») ,les insectes (« L'homme sacrifié »), les mutants « La chasse aux capuchons », ce sont les races aux extra-terrestres, qui s'en prennent à la race humaine (« Les joueurs de flute » « Les infinis », « Le père truqué »« Les braconniers du cosmos » , « Une proie rêvée » et son humour cynique, « Etrange Eden »inspiré du mythe de Circé, « Interférence » l'une de mes nouvelles favorites dans laquelle un homme envoyé explorer le futur revient en important l’espèce responsable de la destruction de l'Humanité, « Colonie » ou des organismes cellulaires parviennent à imiter à la perfection n'importe quel objet pour en faire une arme mortelle).

Autre cible de Dick la société de consommation délirante et ses robots domestiques invasifs « Nanny », « Foster, vous etes mort » ou l'absurdement agressif « Service avant achat », l'ultra oisiveté conduisant à la folie dans « Le problème des bulles ».

Dans ce flot de merveilles surnagent quelques récits encore plus fous et audacieux tel « Le crane » ou un tueur venu du futur pour assassiner un futur messie s’aperçoit qu'il doit lui-meme se supprimer , « Monsieur vaisseau » ou l'esprit d'un brillant scientifique entre en symbiose avec un croiseur de guerre pour échapper à sa mission militaire première ou le délire de « Un cadeau pour Pat » ou une créature apparentée à un dieu ramenée d'une autre planète sème la pagaille dans la vie bien ordonné d'un couple.

En conclusion, « Nouvelles complètes 1, 1947-1953 » constitue un enchantement quasi permanent tant le génie de Dick explose dans chacune des nouvelles (ou presque) présentée.

L'imagination quasi sans limite de l'auteur s'aventure sur les thèmes devenus classiques de voyages spatiaux, temporels mais également d'altération de la réalité.

Dick utilise donc cette palette quasi infinie pour distiller ses courts récits au dénouement souvent angoissants et cruels mais toujours percutants.

Idée obsédantes néanmoins, la fin de l'Humanité soit responsable de sa propre destruction par la Guerre, soit dominée par d'autres races plus évoluées, extra-terrestres, robots ou mutants.

Bien souvent le personnage principal est un employé de bureau lambada, un bon travail américain d'une petite ville tranquilles des USA ou un honnête père de famille embringué dans des histoires paranoïaques qui finissent par le broyer.

Avec son style plutot accessible, son sens du récit pour canaliser son imagination débridée, Dick fait donc figure pour moi de plus grand génie de la Science-fiction !