L'Ethique (Baruch Spinoza)

 



Après le « Traité de la réforme de l’entendement » voici l’ouvrage le plus célèbre de Baruch Spinoza « L' Éthique » qui peut être considéré comme la pièce centrale de son œuvre.

Dans ce long traité divisé en cinq parties, Spinoza développe en effet tout son système philosophique pour bâtir un immense ensemble d’une grande complexité.

Il commence tout d’abord par traiter de la question la plus fondamentale à ses yeux, de l’existence de Dieu, en montrant qu’il existe nécessairement une substance infinie et parfaite puissance organisatrice de tout chose existante dans la Nature.

Ce Dieu par essence éternel, sans âme, ni corps est également unique et indivisible.

Étant la cause première de l’essence des choses, il détermine les causes qui animent notre volonté propre et qui ne nous rendent au final pas libre dans nos actes.

Il s’agit donc la d’une vision déterministe du monde, déterminée par des lois de cause à effet d’origine divine imprimées dans la Nature.

Mais Spinoza va plus loin, décrivant l’aveuglément des hommes qui associent les notions de Bien et de Mal à Dieu et croient qu’il a conçu le monde pour leur usage.

Selon lui les hommes ont donc tort d’associer Dieu à leur vie et de penser qu’il les favorisera ou les défavorisera suivant leurs actes.

Dans le livre second, Spinoza définit la pensée et l’étendue à des attributs de Dieu, ce qui associe l’âme humaine au corps en ce que le corps est l’objet de l’âme.

Puis il décompose le corps en parties en mouvement ou en repos les unes par rapport aux autres.

La perception de ces mouvements forme les affections qui lient le corps à l’âme.

Mais ces affections forment des idées confuses et fausses dans l’âme.

L’âme se rapporte à Dieu lorsqu’elle possède la connaissance claire et vraie des corps.

Cette connaissance absolue est obtenue par l’usage de la Raison qui permet de déterminer l’essence éternelle et infinie des choses.

Spinoza identifie volonté et entendement.

C’est donc fort logiquement que le livre troisième débouche sur l’étude des affections.

Spinoza détermine que ce qui réduit la puissance en acte du corps sera considéré par l’âme comme un mal et ce qui augmente sa puissance en acte sera considéré comme un bien.

Toutes les affections comme l’Espoir, la Crainte, l’Amour, la Haine, la Commisération, l’Orgueil, l’Envie, l’Humilité se ramènent donc aux notions de Joie, de Tristesse et de Désir.

La Joie et le Désir sont deux affections liées à l’augmentation de la puissance active de l’homme, au contraire de la Tristesse qui est synonyme de diminution.

Le Désir est une affection interne à l’homme.

La quatrième partie fait le distinguo entre les hommes qui vivent esclaves de leurs affections et ceux qui au moyen de la Raison, parviennent à s’affranchir en se rapprochant de Dieu par la connaissance vraie et distincte de la Nature.

Pour se faire les hommes doivent user de Raison pour tendre à leur préservation, à ce qui leur est utile et bon conformément à leur nature propre.

Ainsi ils tendront vers une meilleure entente mutuelle et auront une vie en société harmonieuse car ils seront bienveillants les uns par rapport aux autres.

Spinoza modère toutefois son point de vue en rappelant que pour ceux qui ne parviennent pas à cet état, la crainte d’un mal plus fort que le bien obtenu à faire une action contre les lois peut être utile pour créer une forme concorde civile.

La dernière partie traite de la liberté de l’homme qui s’acquiert en développant son amour et sa connaissance de Dieu par sa Raison afin de maîtriser ses affections sources d’idées confuses et fausses en son âme.

Mais Spinoza précise que si cette liberté rapprochera l’homme de Dieu et lui donnera la Béatitude, il ne doit pas pou autant attendre en contrepartie d’être aimé de Dieu car celui ci n’éprouve aucune des affections humaines.

En conclusion, « L’Éthique » est une œuvre monumentale d’une puissance inouïe, écrite par l’un des plus grands philosophes de tous les temps.

Ce qui frappe le plus à sa lecture est sa construction très ordonnée et mathématique ou chaque définition alimente chaque proposition, scolie et axiome qui sont eux même suivis de démonstrations.

L’idée majeure de l ‘ «  Éthique » est de définir un mode de connaissance par la recherche de l’essence et de la substance des choses, mais aussi par celles des causes et des effets pour comprendre les mécanismes divins ordonnateurs de toutes les réalités naturelles.

Par ce biais, Spinoza souhaite rendre l’homme meilleur en lui inculquant des principes universels tendant à son bien.

Ses positions contre une adoration aveugle et stupide d’un Dieu construit par les religions à l’image de l’homme pour tout expliquer en son sens, lui valurent d’être banni de la communauté juive et de vivre dans une certaine forme de clandestinité toute sa vie.

Cette attitude courageuse d’un libre penseur persécuté renforce l’admiration qu’on peut tirer de la découverte de cette cathédrale pensée pure qu’est « L’Éthique ».

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