A poings nommés (Jean-Marc Mormeck)

 



Biographie toujours, mais dans un registre plus sportif avec « A poings nommés » du boxeur Jean-Marc Mormeck épaulé dans cet exercice par le journaliste Damien Burnier.

A ce que cela pourrait choquer de me voir passer de Jean Paul Sartre considéré comme l’un des plus grands esprits de l’histoire de France à un boxeur du 9-3 titulaire d’un BEP d’électromécanique,  je rétorquerai que j’ai toujours eu le soucis d’une grande ouverture et d’un grand éclectisme de lectures et ce sans aucun parti pris.

Dans « A poings nommés », Mormeck se livre à l’exercice délicat de se raconter.

On apprend tout de l’enfance délicate d’un jeune guadeloupéen au foyer familial disloqué venu s’échouer à Bobigny pour rejoindre sa belle mère et son père, agent hospitalier.

Dans la cité de l’Abreuvoir de Bobigny, le jeune Jean Marc se sent vite déraciné et en manque d’amour.

Confronté à un environnement dur émaillé d’affrontements entre bandes rivales, la violence est souvent une réponse que trouve le jeune garçon qui rencontre pourtant la boxe sur son chemin dans une salle de Drancy.

Doté d’un fort caractère et d’une grande persévérance, il est vite détecté par ses entraîneurs et commence à gagner des combats.

Mais le chemin pour devenir professionnel sera long et parsemé d’embûches.

Mormeck est obligé de travailler pour survivre, d’abord comme vigile au centre commercial de Rosny 2, puis comme agent de sécurité à la RATP ou il lui échoit le difficile mission de sécuriser les lignes du nord de la banlieue parisienne.

On aborde ensuite le moment le plus intéressant du livre : sa difficile relation avec les frères Acariès, Michel et Louis qui règnent en maîtres sur l’univers de la boxe en France.

Mormeck les accuse de profiter de leur monopole, de leurs contacts avec les fédération française de boxe et les médias pour arnaquer les jeunes boxeurs qui signent des contrats sans même les lire, ne récupérant que des miettes de leur dur labeur sur le ring.

Mais le boxeur ne cède pas devant le duo et désire négocier ses cachets de manière plus équitable.

Mormeck se montre ici étonnamment plus malin et déterminé que ses collègues qui généralement se soumettent vite face au pouvoir des hommes d’argent.

Son titre de champion du monde lourd léger acquis en 2002 face à Virgil Hill le place dans une position de force et le bras de fer avec les frère Acariès s’engage.

Condamné à l’impasse, Mormeck prend le pari courageux de s’exiler aux Etats Unis pour travailler avec le légendaire et sulfureux Don King.

Il a fort affaire avec le célèbre promoteur mais parvient à se faire respecter en s’adjoignant un entourage de qualité composé de l’avocat Bob Ferer et de son manager Nathalie ex bras droit des frères Acariès.

Mormeck parvient à s’imposer aux Etat- Unis et à réussir l’exploit d’unifier les ceintures WBA-WBC mi lourd en battant Wayne Braithwaite.

La reconnaissance en France jusqu’alors timide se fait enfin connaître et Mormeck devient une personnalité respectée et admirée du sport français.

Mais en 2007, les défaites face à O’Neil Bell puis surtout David Haye viennent poser un gros point d’interrogation sur sa la suite de sa carrière.

Le livre se termine sur le défi actuel du champion, son désir à 37 ans de monter en catégorie poids lourds et surtout de créer une structure d’accueil pour aider les jeunes boxeurs français en collaboration avec les Etats Unis et un autre grand champion Roy Jones.

En conclusion, plutôt bien écrit « A poings nommés » se lit de manière agréable comme l’ascension incroyable d’un petit gars des tours de Seine Saint Denis jusqu’au Madison Square Garden de New York.

On est impressionné et admiratif devant la personnalité hors norme d’un homme beaucoup plus intelligent et habile que ne le veut la légende des les boxeurs stupides machines à frapper.

La manière courageuse dont Mormeck a tenu tête aux Acariès puis même au terrible Don King en dit long sur sa force de caractère.

On sent beaucoup de confiance et de force mentale dans ce champion lorsqu’il monte sur les rings, ceci lui est nécessaire pour ne pas sombrer devant les tentatives d’intimidation des boxeurs américains issues de ghettos.

Le boxeur égratigne également ses collègues boxeurs, notamment son grand rival Fabrice Tiozzo.

Il n’est pas tendre non plus envers Brahim Asloum et Mayar Monshipour qu’il respecte déjà plus.

Mormeck ? Un type bien tout simplement, un type qui tient debout et qui sait ou il va.

On lui souhaite de parvenir à assainir un peu le milieu bien véreux de la boxe et de rencontrer le succès avec ses projets personnels.

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