Les mots (Jean-Paul Sartre)

 



J’avais été enthousiasmé par « La nausée » c’est donc fort logiquement que j’ai lu « Les mots » de Jean-Paul Sartre.

Découpé en deux parties sobrement intitulées « Lire » et « Ecrire » , « Les mots » est une autobiographie intimiste racontant principalement l’enfance de l’écrivain jusqu’à l’age de onze ans.

Issu d’un milieu d’intellectuels et de bourgeois, le jeune Sartre n’a pourtant pas eu une enfance tout à fait comme les autres en raison du décès prématuré de son père militaire Jean Baptiste qui obligea sa femme Anne-Marie à retourner vivre chez ses parents à Paris.

On découvre l’influence prédominante de son grand père Charles Schweitzer, alsacien, professeur d’allemand à l’Institut des Langues Vivantes de Paris.

Ce grand père idolâtré fera office de figure paternelle et inculquera au petit Jean-Paul un amour immodéré pour les livres.

Très tôt, Sartre manifeste en effet une prédisposition étonnante pour raconter des histoires.

Enfant prodige à l’érudition stupéfiante pour son age, il devient vite le centre d’attraction de la famille.

Il se sent rapidement flatté d’attirer toutes les attentions du monde des adultes et en rajoute dans la sur représentation, se faisant acteur, manipulateur, imposteur dans le soucis de toujours plaire à son petit auditoire familial.

Sartre rend aussi hommage à toute ses lectures d’enfances qui ont nourries son imaginaire,  Jules Verne, Victor Hugo, les « illustrés » racontant milles aventures de chevaliers, cow-boys, explorateurs, ainsi que le cinéma, source d’émerveillement et d’aplanissement entre les couches sociales.

Malgré le manque initial du père, son enfance paraît donc extrêmement choyée et protégée, avec la présence de maîtres spécialisés pour lui administrer des cours particuliers.

L’époque de la guerre de 14-18 ne sera qu’évoquée en pointillée, comme un conflit lointain qu’un enfant ne peut pas réellement saisir dans toute sa complexité et ses enjeux.

L’époque de l’adolescence arrive elle aussi un peu tard sous la forme de cours reçus au très bourgeois et prestigieux lycée Hoche.

On devine qu’elle sera moins heureuse que cette enfance idyllique perdues au milieu de livres.

Mais tout au long du parcours du jeune Sartre on est frappé du fait que dés son plus jeune age il savait que sa vocation était de devenir écrivain.

Imaginait il déjà très tôt quand le succès l’atteindrait, ce qu’il laisserait à sa postérité ou s’agit il d’affabulation écrites à posteriori ? Le lecteur se fera sa propre opinion.

En tout cas « Les mots » raconte le processus de maturation qui fait éclore un talent artistique, en mettant en évidence les conditions favorables et les éléments déclencheurs à son épanouissement.

J’ai pour ma part été peu sensible à l’exercice.

Enfance trop gâtée, aisance matérielle et codes des bourgeois, narcissisme de cet enfant roi perroquet savant trop vite monté en graine, n’ont pas crée un fort sentiment de proximité et d’empathie avec le personnage, contrairement aux errements et à l’infini tristesse qui transparaissaient dans « La nausée ».

Pourtant j'ai moi même eu un grand père qui a beaucoup compté pour moi et une enfance proche des livres.

Dommage donc mais même les plus grands ne peuvent pas toucher à tous les coups.

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