The ultimate Stallone reader, Stallone as star, icon, auteur (Chris Holmund)

 



Assez étrangement, lorsqu'on recherche une biographie de Sylvester Stallone, on trouve bien peu d'ouvrages, ce qui compte tenu de l'incroyable popularité de la star des films d'actions, demeure quelque peu mystérieux.

Ainsi, je me suis rabattu sur un livre écrit en langue anglaise de la professeur universitaire américaine Chris Holmund « The ultimate Stallone reader, Stallone as star, icon, auteur ».

Sorti en 2014, cet ouvrage s’intéresse plus à l'acteur qu'à l'homme et a pour principal objectif de disséquer ses nombreux films et leur impact socio-culturel.

Rien ou presque sur les œuvres de jeunesse de Stallone, ses six années de galère après ses quatre années d'études d'acteur à Miami, entre rôles de petite frappe non crédités, nanard country (« Adieu ma jolie ») et obscur film érotique, passé ensuite à la postérité (« L'étalon italien »).

De ce passé difficile est né le mythe de « Rocky » synthèse de la vie de paumé de Stallone, du combat de Chuck Wepner contre Mohamed Ali et de Rocky Marciano, similaire à ses origines italienne.

Avec ses trois oscars et son grand succès populaire, Stallone devient une superstar et surtout l'idole des « cols bleus » ces classes laborieuses qui en bavent tous les jours pour survivre mais s'accrochent pour peut-être un jour toucher à la réussite de ce fameux rêve américain.

Film mélodramatique sur le dépassement de soi, « Rocky » atteint un statut culte et propulse naturellement Stallone dans la catégorie des acteurs « physiques ». L'essai est transformé avec « Rocky II » trois ans après mais ce sont les années 80 qui feront de lui l'un des acteurs les plus célèbres du monde.

« Rambo » qui fait d'un vétéran asocial et psychotique de la guerre du Vietnam un héros luttant contre l'ordre établi, assoit son personnage de soldat rebelle à la sauvagerie indomptable.

En pleine Guerre froide, il alterne alors les Rocky et les Rambo, dans des films à l'idéologie sans doute contestable mais devenant ses plus grands succès au box-office.

Mais hors des blockbusters magnifiant un personnage de héros macho au physique body buildé, Holmund s’intéresse à des œuvres sortant des sentiers battus, comme « A nous la victoire » dans lequel il cotoie des stars plus célèbres que lui à l'époque comme le footballeur Pelé ou les acteurs Michael Caine et Max Von Sydow mais surtout l’extraordinaire « Cop land » pour lequel il accepte de se délaisser de ses muscles pour prendre 20 kilos de graisse et incarner ainsi un minable flic faisant face à une affaire de corruption dans la police.

Mais malgré sa performance et la présence de stars du calibre de Robert de Niro, Ray Liotta ou Harvey Keitel, « Cop land » ne rencontre pas son public qui ne souhaite pas voir Stallone en loser obèse et sourd.

Ce manque de considération, ainsi que de cuisants échecs lors de tentatives de diversification dans la comédie au début des années 90, contribueront à réorienter Stallone sur le chemin des films d'action, comme l'efficace « Cliffhanger ».

En vieillissant pourtant, la carrière de Stallone deviendra plus difficile et les années 2000 seront impitoyables pour la star plus botoxée que jamais.

Ce seront ses héros fétiches « Rocky Balboa » puis « Rambo » qui viendront le remettre au sommet de l'affiche.

Shooté aux hormones et aux stéroïdes, Stallone dont le corps âgé de plus de 60 ans est encore plus massif qu'à 30 ans, relèvera encore le challenge de faire vibrer les foules en puisant habilement dans le filon de la nostalgie avec ses collègues body buildés des « Expendables ».

En conclusion, « The ultimate Stallone reader, Stallone as star, icon, auteur » est un ouvrage ayant pour grand mérite de montrer l’intérêt d'une intellectuelle, universitaire américaine spécialisée dans les films de Marguerite Duras, pour un acteur réputé aussi violent qu'idiot par les élites.

Car comme le souligne Holmund, Stallone incarne et incarnera toujours le héros du peuple, l'outsider, l'ouvrier, le boxeur, le camionneur, le soldat en bas de l'échelle brisant les règles établies pour s'élever.

Icône de la virilité, de la masculinité, Stallone paraît n'avoir jamais pu sortir de cette image qui lui colle aux biceps et etre obligé de continuer jusqu'à plus de 60 voir 70 ans à faire des films d'action.

Dommage, car on se dit que cet homme multi-facettes, réalisateur, producteur et peintre honorable à ses heures perdues, mérite sans doute mieux que son image de machine à tuer du communiste des années Reagan.

Si le travail d'Holmund demeure louable, j'en suis néanmoins ressorti frustré, préférant mieux connaître le parcours de l'homme, fils d'émigré italien que subir des analyses très sérieuses d’œuvres aussi risibles que « Cobra », « Over the top » ou « Demolition man ».

Aussi, si quelqu'un pouvait me conseiller une bonne biographie de Sly, je serais plus que preneur !

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