Archie Kramer (Matmatah)


 


Petit crochet pour un groupe français à la carrière chaotique, Matmatah.

Formé dans les années 90 à Brest, Matmatah eut un succès fulgurant en 1998 avec son premier album « La ouache » avec un mélange habile de rock et de folklore breton avant de changer brutalement de cap, délaissant l’étendard celtique sans doute trop encombrant pour se réorienter vers un style plus épuré rock des années 70 mais également moins original qui causa finalement sa perte.

Après quelques éreintant déboires judiciaires suite à diverses incitations à la consommation de drogues, c’est un groupe fatigué déjà sur la pente descendante qui tente un retour désespéré en 2004 avec « Archie Kramer ».

Avec sa pochette sinistre évoquant un tueur en série imaginaire au faciès vaguement inspiré de Che Guevara, « Archie Kramer » débute avec « Casi El Silencio » du Matmatah à son meilleur, entraînant et rythmé avec des refrains en espagnol du meilleur effet.

Mettant plus l’anglais à l’honneur, « Gotta go now » est plus poussif avec ses refrains balourds.

Plus inspiré, « Archie Kramer » se distingue par ses influences country et ses paroles sombres.

On retrouve toute la capacité du groupe à composer des véritables tubes pop-rock  sur « Au conditionnel » et « Souvenir » , doux et calibrés pour les radio, les textes soignés et la voix de Cédric Floc’h s’avérant parfaits dans cet exercice.

Retour de l’anglais et du rock matiné de léger punk sur « Radio edit » sympathique mais qui s’oublie aussi vite qu’un vieux chewing gum.

Bien que rythmé « Il fait beau sur la France » manque de tranchant avant que Matmatah n’abatte sa carte maîtresse « Alzheimer » , morceau politique à la morale pacifiste gauchiste très discutable mais habité par une ambiance western des plus notables.

Dirigé contre les méchants américains agresseurs de l’Irak, « Alzheimer » reçoit le soutien de Curro Savoy siffleur magique des films d’Enio Morricone dont le sifflement donne toujours le frisson et élève l'ame.

Les ambiances apaisantes et jazzy de « La grande cuisine » et d’ « Anita » déroutent et apparaissent bien incongrues sur un album de rock même si le texte de ce dernier s’avère digne de Serge Gainsbourg.

Les guitares ressortent sur « Broke lover » , rock distordu évoquant les Stooges la folie et  l’énergie en moins.

L’album s’achève dans un brouillard cotonneux avec « Tombé des nues », pénible et larmoyant.

En conclusion, « Archie Kramer » n’est sans doute pas dans l’absolu un si mauvais album mais sa formule ne fonctionne globalement pas.

Écartelés par de multiples influences (le rock anglo-saxon des années 70, la chanson française , le folk, le jazz et le pun...) Matmatah produit un album bancal, mou, peu homogène et peu rassembleur.

Disons le franchement lorsqu’il officie dans un rock classique, le groupe reste à des années lumières de ses modèles …

Le grand public se consolera sur les quelques efficaces tubes pop que je trouve globalement insipides.

Matmatah ne serait-il donc qu'un honnête groupe de rock de niveau national ?

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