Putain de vie ! (Fabrice Benichou)
Après la biographie de Jean-Claude Mormeck, voici celle d’un autre champion de boxe, Fabrice Bénichou avec « Putain de vie ! » .
Le parallèle entre les deux ouvrages est intéressant car o combien évocateur des différences marquées entre les personnalités des deux hommes.
Alors que le livre de Mormeck laissait transparaître un homme posé, réfléchi, lucide et intelligent, celui de Bénichou est beaucoup plus chaotique et empli de rage à tel point que j’ai été rebuté par le style abrasif des premières pages.
Quand Bénichou se raconte il le fait mais dans le désordre, en commençant par la fin depuis une miteuse chambre d’un hôtel du Panama ou il tente seul, loin de sa famille, à plus de quarante ans un pathétique comeback.
On découvre alors le parcours étonnant d’un homme ayant grandi dans la marginalité la plus complète, fils unique d’un fakir itinérant qui le fit grandir en Amérique du Sud (Mexique, Panama) et parcourir le monde entier à l’exception de l’Asie et de l’Océanie.
Petit de taille, affublé d’un ridicule zézaiement du à une malformation du palais, peu scolarisé et peu encadré, le jeune Bénichou n’a pas eu d’autres choix que de se faire respecter par ses poings et d’apprendre tout de la vie en parfait autodidacte.
Pourtant ces multiples voyages et l’amour que lui a prodigué ses parents semblent lui avoir apporté une certaine forme de richesse intérieure mais aussi une hyper sensibilité et une fâcheuse tendance à l’instabilité.
Bénichou découvre la boxe en Israël.
Très doué, il progresse vite, se taillant une réputation de cogneur surpuissant dans la catégorie des poids coqs.
Mais son jeune age et son fort tempérament de rebelle le font rapidement mettre à l’écart de la Fédération Française de Boxe alors il prend une licence au Luxembourg pour gravir les échelons à son rythme.
Avec son entraîneur fétiche Jean Molina il devient champion du monde des super coqs en 1989 et deux fois champion d’Europe poids coqs (1988) et poids plumes en 1991.
Mais Bénichou reste fragile, instable et ses liaisons féminines seront de véritables catastrophes, sa première femme Pascale lui enlevant ses trois enfants et une grande partie de sa fortune.
Boxeur déchu, le petit Bénichou n’intéressera plus grand monde et sera délaissé par tous ses prétendus amis du show bizness.
Sans domicile fixe, il sombrera alors dans la dépression, la drogue, l’alcool et tentera même de mettre fin à ses jours.
Pourtant se fameuse bonne étoile ne le lâchera pas tout à fait puisqu’il rencontrera sa femme actuelle Laurence qui lui donnera un fils et l’aidera à remonter la pente.
L’histoire se reboucle sur le Panama, le rituel du footing à l’aube et l’odeur des rings miteux avec des boxeurs de qualité qui ont une véritable rage de vaincre et un homme qui a plus de quarante ans se cherche encore …
En conclusion, « Putain de vie ! » est conforme au personnage de Fabrice Bénichou.
Le petit boxeur tatoué, biker et fan d’Ac/Dc y est tour à tour irritant, maladroit ou touchant.
Au final on retiendra l’extraordinaire parcours de cet homme courageux mais naïf, sensible, fragile échappant aux normes, aux standards et au politiquement correct.
Mais à l’arrivée on peut se demander quel avenir peut-il encore s’offrir après la boxe ?
Et la les éternels doutes autour du personnage de subsister encore et toujours…
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