Sleep is the ennemy (Danko Jones)

 



Nous sommes en 2006 et Danko Jones après trois albums sortis en trois ans, prend pour une fois son temps avant de finalement peaufiner son quatrième album « Sleep is the ennemy ».

La pochette très politiquement correcte d’un blanc virginal de bon aloi pourrait laisser penser à un adoucissement du ton de nos trois rockers canadiens mais cette première impression n’en est que plus trompeuse tant telle la lame d'un couteau caché dans sa gaine, la musique de « Sleep is the ennemy » s’avère toujours redoutable.

« Sticky situation » débute pied au plancher, avec un mid tempo aux riffs ravageurs et au refrain clamé avec une élocution ultra rythmée confinant au diabolique.

Chose impensable, « Baby hates me » lui est pourtant supérieur, jugez plutôt : intro à la AC/DC, voix de rocker teigneux, vindicatif, dangereux comme une rixe de bar de nuit, refrain aérien fantastique, chanté à la manière d’un Paul Stanley au meilleur de sa forme.

Le tempo ralentit avec « Don’t fall in love » , sans doute le titre le plus pop et le plus mélodique du groupe mais qui conserve un groove plaisant.

Danko remet les gaz avec un « She’s drugs » tendu, intense, âpre ou il est question d’obsessions, de drogues et de femmes.

Avec son rythme saccadé et son ton désinvolte « The finger »  fait un peu figure de gag.

On arrive ensuite sur le troisième monstre de ce disque, « First date », hard rock viscéral, instinctif dopé par des refrains prodigieusement accrocheurs.

Lui succédant, « Invisible » avec son tempo ultra rapide limite punk soutenu par  des chœurs féminins, ne démérite pas.

Danko Jones ne faiblit pas, tient la cadence tel Lance Armstrong tricotant à toutes jambes dans un col du Tour de France, et balance un « Natural tan » brutal et viril.

Relative tentative mélodique sur « When will i see you » et cette fois merveilleusement réussie, faisant de ce titre magique et enlevé une des meilleurs pièces jamais écrite par le power trio de Toronto.

Le phénomène continue de se déchaîner sur « Time heals nothing » , mélangeant sur un rythme rock rugissement rauques de lion enragé et divins passages presque plaintifs.

Comme de coutume, l’album se solde par une ultime profession de foi rock n roll, « Sleep is the ennemy » est une bombe de hard rock survit aminé, ultra rapide, et puissante montrant toute la formidable détermination d’un homme à se faire entendre et respecté.

On ne pourra résister au bonus « Choose me » , ultime feu d’artifice, véritable tornade sonique propulsée par un riffs supersonique qui emporte tout sur son passage.

En conclusion, Danko Jones frappe une nouvelle fois très fort avec un « Sleep is the ennemy » frôlant la perfection propre à provoquer bien des insomnies.

La recette est quasi inchangée par rapport à « We sweat blood », pas de concept album prise de tête, de considérations philosophiques, de délires intello ou mégalo propres au rock progressif, juste du hard rock direct, incandescent, sauvage, instinctif qui prend au colback, secoue les tripes, fait bouger la tête et onduler le bassin.

Le talent est toujours présent, immense et la qualité des morceaux proprement stupéfiante, preuve que lorsque on est animé d’une foi à soulever les montagnes on peut parfois accomplir des miracles.

Danko Jones est un peu l’incarnation du rocker ultime, du mauvais garçon plein de talent, de la petite frappe pleine de charme roulant des mécaniques qui finira pas emballer la fille au nez et à la barbe du prétendant officiel, fils de bonne famille, premier de la classe ou héros de son équipe de foot.

Et dieu que dans ce monde lisse et aseptisé un peu de spontanéité et d'instinctivité font du bien.

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