Daredevil : l'intégrale 1982 (Frank Miller)

 



Riche idée qu’a eu Marvel de rééditer sous forme de collections intégrales les classiques des épisodes des super héros phares des années 60 comme Spider-Man, Iron-Man ,Daredevil, Hulk, les Quatre Fantastiques ou bien les X-Men.

Concernant Daredevil, le summum des aventures du justicier aveugle a été pour moi atteint sous la plume de Frank Miller dans les années 80.

Aussi ai je lu avec délectation « Daredevil : l’intégrale de 1982 ».

Cette compilation massive recèle une partie de l’age d’or de l’homme sans peur avec le génial Frank Miller au scénario, dessin et encrage.

Dans le premier épisode, les élections battent leur plein à New York et un scandale est alors révélé par Sheldon, un jeune journaliste du Daily Bugle.

En effet Cherryh, sérieux candidat au poste de maire est soupçonné d’avoir passé un marché avec Wilson Fisk alias le Caïd, le colossal chef de la pègre new-yorkaise pour lui livrer la ville en échange de fonds.

Mis en accusation pour diffamation par Cherryh, le journal se voit défendu par l’avocat Matt Murdock.

Commence alors un jeu complexe entre manœuvres de corruption et d’intimidations politico maffieuses pour faire renoncer le journaliste et tentative de chantage de ce dernier qui a un terrible besoin d’argent.

Daredevil appuyé pour l’occasion par le tandem Iron Fist-Power Man, protége le jeune journaliste des griffes de la pègre et Ben Urich, autre journaliste plus chevronné du Daily Bugle, prend les choses en main avec la ferme décision d’établir les preuves de la collusion Cherryh-Fisk.

Urich, seul à connaître la véritable identité de DD, est un personnage très attachant avec son intégrité, sa ténacité, son vieil impair, ses grosses lunettes et ses éternelles cigarettes.

Pour résoudre ses problèmes, le Caïd décide de recruter un nouveau tueur et jette son dévolu sur Elektra, l’ex petite amie de Daredevil.

Elektra neutralise son ancien amant, manque de tuer Urich qui refroidi, finit par renoncer.

Alors que tout semble perdu, Murdock exploite une piste mystérieuse sur la base d’un cliché d’une femme clocharde pris prêt du domicile du Caïd.

Après une incursion mouvementée dans les égouts, Urich et Daredevil retrouvent la trace de Vanessa l’ex femme du Caïd devenue clocharde, qui constitue son seul et unique point faible.

Daredevil arrache Vanessa au monde sous terrain des marginaux et fait un chantage à Fisk pour revoir sa femme.

Forcé de reculer, le Caïd lâche Cherryh qui finit par se livrer.

Daredevil remporte le premier match dans son duel face au Caïd.

Dans la deuxième partie, on assiste au retour de Bullseye alias le Tireur dans la vie de Daredevil.

Ennemi  redoutable et charismatique, le Tireur est le double maléfique de DD, le révélateur sans lequel sa mission n’aurait pas la même saveur.

Le Tireur emprisonné et atteint de troubles mentaux, ne vit que pour son obsession de tuer son pire ennemi.

Utilisant ses dons de transformer tout objet en arme morelle, il s’évade et tue Elektra lors d’un duel épique afin de redevenir le tueur numéro un du Caïd.

Murdock dévasté par la douleur vit les heures les plus sombres de son existence.

Étrangement, le Tireur, « sent » instinctivement que Murdock et Daredevil ne font qu’un, il fait part de sa théorie au Caïd qui la juge heureusement extravagante.

Daredevil préserve in extremis son secret et son affrontement crépusculaire contre le Tireur s’avère un des sommets de la série.

Victime d’une chute terrible, le Tireur termine paralysé dans un lit d’hôpital mais son obsession de vengeance reste elle intacte.

La troisième partie consacrée à un crossover entre Daredevil et le Punisher autour d’une enquête alambiquée contre un trafic de drogue décimant les enfants a été pour moi d’une intensité moindre, même si le Punisher, héros sombre et torturé colle très bien à l’univers de l’homme sans peur.

L’album termine sur deux « Et si », avec pour le premier le thème assez décevant que DD soit devenu un agent du Shield ou pour le deuxième beaucoup plus émouvant le fait que Elektra n’ait pas été tuée par le Tireur.

En bonus et sans les dessins de Miller, on retrouvera une alliance hautement improbable entre Spider Man, Moon Knight, Iron Fist, Power Man et Daredevil pour contrer l’Homme Pourpre piloté par le Caïd.

En conclusion, cette intégrale brille surtout par l’enchaînement des deux premiers épisodes mêlant le quatuor mythique, Daredevil, Elektra, Bullseye et le Caïd.

Dans l’univers glauque et oppressant des bas quartiers du New York des années 80, Frank Miller imprime une atmosphère crépusculaire, étouffante et d’une noirceur sans nom à cette tragédie moderne ou chacun des protagonistes montre des fêlures d’une complexité exceptionnelle.

Une tueuse prises de remords et hantée par son amour passé, un justicier friable, fidèle en amitié et en amour, un impitoyable caïd de la pègre capable de plier dans l’espoir de revoir sa femme transformée en clocharde et un tueur malade, instable, instinctif, aussi mortel que génial composent donc le formidable univers imaginé par Miller.

La partie avec le Punisher est également d’un bon niveau, Murdock étant véritablement déchirant dans son refus de la mort d’Elektra.

On recommandera aussi le « Et si …Elektra n’était pas morte », nerveux et émouvant, créant pour une fois une belle happy-end entre DD et Elektra.

En résumé, pour ces quelques raisons « Daredevil : l’intégrale 1982 » est un album culte, totalement, indispensable pour le fan de bande dessiné moderne, amateur d’univers sombres et de personnages aussi complexes que torturés !

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