L'art d'avoir toujours raison (Arthur Schopenhauer)

 



Poursuite des découvertes philosophiques avec « L’art d’avoir toujours raison » d’Arthur Schopenhauer.

Je dois avouer ne pas bien connaître ce philosophe allemand mais j’ai vu dans ce court ouvrage au titre particulièrement accrocheur un moyen amusant de m’initier à sa pensée.

Écrit aux alentours de 1830, « L’art d’avoir toujours raison » regroupe trente huit stratagèmes astucieux pour avoir le dernier mot lors d’une joute intellectuelle.

D’un point de vue philosophique, Schopenhauer prend comme point de référence les études d’Aristote sur la logique, la dialectique et ses formes dérivées citées dans « Les Topiques ».

Le philosophe allemand se démarque toutefois d’Aristote en assimilant l’heuristique et la sophistique à la dialectique alors que le Stagirite les considéraient comme des formes moins élevées car trop éloignées de la recherche de la vérité.

Pour Schopenhauer l’important n’est pas de faire éclater la vérité mais d’être capable de triompher de ses adversaires en toute situation.

Il explique donc l’art de contrer un adversaire en sortant ses arguments de leur contexte, en jouant sur les homonymies ou bien en le noyant sous un flot de propos sans intérêt pour le désorienter et lui faire perdre le fil de son raisonnement.

Le choix des mots est également crucial, tel ou tel terme pouvant prendre des connotations avantageuses ou désavantageuses selon les circonstances.

Lorsqu’on est soi même en difficulté, la généralisation du débat, l’impudence du ton ou une attaque à visée personnelle ou contre l’école à laquelle appartient son adversaire peuvent alors permettre de se tirer d’embarras.

Mettre en colère un adversaire ou le ridiculiser devant un auditoire en tournant ses propos même exacts en dérision sont des procédés peu reluisants mais terriblement efficaces.

L’une des clés de la réussite consiste également à savoir à qui l’on a affaire.

Devant quelqu’un d’ignorant on peut user de préceptes d’autorités supérieures qu’il respecte aveuglément comme les experts scientifiques, les grands auteurs ou les religieux.

Utiliser aussi le « bon sens commun » même le plus faux est une arme généralement décisive puisque l’avis du plus grand nombre est toujours celui qui l’emportera par rapport à un avis isolé même exact.

Devant quelqu’un d’instruit on peut feindre l’ignorance, retourner contre lui certaines affirmations de son école philosophique ou de sa religion.

Faire passer les arguments de son adversaire comme allant contre son intérêt est jugée comme une méthode infaillible.

Dans « L’art d’avoir toujours raison », Schopenhauer nous apprend donc l’art de la feinte, de la dissimulation, de la manipulation pour triompher en toute circonstance.

Pour moins profond et peut être moins élevé d’un point de vue moral que l’usage de la dialectique chez Aristote, Platon ou Kant, son traité s’avère d’une grande finesse psychologique et d’une efficacité redoutable.

J’ai toujours pensé que les philosophes avaient entre les mains des outils d’une puissance inouïe, qui ont du être soigneusement étudiés par les plus brillants des hommes politiques pour ne jamais perdre la face lors de leurs interventions publiques.

Ces techniques seraient à n’en pas douter plaisantes à mettre en pratique dans la vie de tous les jours sur des "adversaires" ignorant tout de leur contenu.

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