Le tueur, tome 1, long feu (Matz, Luc Jacamon)

 


Édité pour la première fois à l’orée des années 2000, « Le tueur, tome 1, long feu » est une bande dessinée de Matz (scénario) et Luc Jacamon (dessins).

Le premier tome de cette longue saga met en scène un homme d’une trentaine d’années, français, vivant seul dans un appartement à Paris.

On comprend assez vite que l’homme est un tueur à gages professionnel et qu’il est en planque dans l’attente d’un homme, un riche médecin,  à exécuter.

Mais l’attente s’éternise, ce qui permet à l’homme de se lancer dans de longs monologues introspectifs permettant de mieux comprendre sa philosophie froide et cynique du monde centrée sur l’individualisme et le rejet de toute forme de valeurs stables si ce n’est l’argent à acquérir vite quels que soient les moyens.

Le tueur revit également son passé, certains de ses anciens contrats comme l’assassinat d’un homme aux Antilles lors d’une partie de plongée, ou ces jeunes années à la fac de droit, avant qu’il ne bifurque pour la première fois vers une carrière criminelle en tuant un homme dans le métro à coups de batte de base-ball.

Dans sa vision schématique de la vie, l’histoire montre que les hommes contiennent un fond de violence et de corruption sur lequel vient se greffer un voile d’hypocrisie, de bonne conscience qu’il ne supporte pas.

Puis la tension de l’attente devient insupportable, occasionnant cauchemars et même des velléités de suicide, ce qui fait apparaitre pour la première fois des fêlures sur le personnage.

Le tueur appelle alors son patron et associé, un riche avocat appelé Edouard de la Streille pour confirmation.

Puis subitement, la cible surgit d’une voiture avec gardes du corps.

Le tueur réagit au quart de tour et élimine au fusil à lunette, l’homme, sa femme ainsi que ses gorilles.

Malheureusement les choses ne tourne pas tout à fait comme prévues et le tueur est suivi par un policier en faction devant l’immeuble de sa cible.

Il part alors se cacher au Venezuela sans se douter que la police est sur ses traces…

En conclusion, « Le tueur, tome 1, long feu » est un livre âpre, intense et forcément dérangeant.

Son originalité principale est sa construction lente, centrée sur de long monologues intérieurs permettant au lecteur de rentrer dans l’esprit d’un criminel froid et rationnel, justifiant son mode de vie par une vision biaisée de l’existence.

Le scénario (un tueur en planque) est en revanche des plus classiques et on comprend que le duo Matz/Jacamon va construire patiemment une histoire qui sera étoffée au fil des épisodes.

Gros point fort de la série, le style absolument magnifique de Jacamon, avec des personnages aux traits fins, des décors illustrés de palettes de couleurs splendides que ce soit dans les immeubles parisiens cossus ou dans des paysages plus exotiques antillais.

Une entrée en matière attirante donc qui laisse pour l’instant sur sa faim...

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