Raising fear (Armored Saint)
En 1987 alors que le heavy metal européen s’essouffle au profit du thrash et du glam américain, Armored Saint persiste pourtant dans la voie qu’il s’est lui même tracé à coups de glaive ensanglanté et sort un nouveau brûlot heavy intitulé « Raising fear ».
Comme on le peut le voir sur la pochette pleine de puissance et de mégalomanie c’est toujours la rage au ventre et avec de furieuses envies de conquêtes que nos compères californiens abordent le délicat virage du troisième album.
La fine équipe perd certes un guitariste en chemin (Phil Sandoval ) mais ceci ne fait que rendre ses membres plus enragés que jamais avec un John Bush au chant, un Joey Veira à la basse, un Dave Prichard à la guitare et un Gonzo Sandoval à la batterie.
Le morceau d’entrée « Raising fear » débute comme toujours à toute vitesse.
Bush chante en force, hurlant tout son saoul sur des rythmiques puissantes et nerveuses qui creusent de profonds sillons enflammés dans le sol.
Après ce premier morceau digne d’un coup de masse d’arme en plein visage, le Saint surprend tout le monde en reprenant un titre country de Lynrid Skynrid« Saturday night special » mais bien évidemment surboosté à raison de massives doses de testostérone.
Le résultat est emballant avec un mélange de hard brutal et d’esprit rock festif.
Le groupe reprend sa terrible marche en avant avec « Out on a limb » rapide, nerveux et brutal dans la plus pure lignée des compositions en force pratiquées depuis ses débuts.
Superbe et surprenante ballade toute en subtilité, « Isolation » vient fort a propos calmer le jeu et aérer un peu les débuts très frontaux de ce disque.
John Bush montre ici qu’il n’est pas qu’un hurleur monodimensionnel et qu’il peut varier son style très abrasif.
Le chanteur se déchaîne à nouveau sur « Chemical euphoria » et « Crisis of life » qui portés par des rythmiques d’enfer et des refrains très entraînants, renouent avec le Saint conquérant et impitoyable qui avance en ligne droite derrière son large bouclier en faisant tournoyer sa grande épée taillant en pièce ses ennemis.
Après avoir passé le cap de la première moitié du disque, le double « Frozen/Legacy » « Human vulture » , « Book of blood » marquent la première terrible baisse de niveau sans que ces titres soient mauvais mais simplement quelconques.
L’armure du Saint semble ici rouiller et restreindre sa capacité de mouvement, le rendant soudainement pataud et vulnérable et faisant perdre leur impact à ses terribles habituels coups de boutoir.
Alors qu’on le croit en perdition, tombé à terre et immobilisé sur le dos dans sa lourde cuirasse à présent inutile, le Saint retrouve la foi et se ressaisit au courage alignant deux terribles sursauts heavy, le bien nommé « Terror » qui tombe comme la foudre d’un châtiment divin et le fantastiquement jouissif « Underdog » intense comme une ultime bagarre au corps à corps à coups à coups de poings pour sauver sa propre vie.
Au final avec son coté très rugueux et pugnace, « Raising fear » fait mal et ne dépareillera pas dans la discographie des amateurs de heavy metal sans concessions.
Armored Saint a ici affûté ses armes les rendant plus tranchantes et plus amènes de percer les défense ennemies.
La production plus travaillée que sur « Delirious nomad » met plus en valeur la puissance des titres, leur conférant un impact encore plus féroce.
Le style d’Armored Saint ne varie pas d’un iota, le groupe mise tout sur son heavy survitaminé et frontal mais comme un boxeur n’ayant pas tout à fait l’expérience de la gestion de l’effort, a encore parfois à garder le rythme pour finir le match.
Il reste au final une performance tout à fait convaincante et un statut de challenger poids lourd du heavy metal largement mérité.
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