Symbol of salvation (Armored Saint)

 



Alors qu’après un live enthousiasmant sorti en 1988, il planche sur son quatrième album, Armored Saint perd son guitariste/compositeur Dave Prichard qui meurt foudroyé par une leucémie.

Parvenant à surmonter ce terrible drame, nos saints en armure californiens recrutent un nouveau guitariste Phil Duncan et parviennent à négocier le retour de Phil Sandoval qui avait quitté le navire après le deuxième album pour sortir avec un léger retard « Symbol of salvation » en 1991.

Pas de grande remises en question artistiques ou  d’errements intellectualisant ici, Armored Saint choisit plutot de poursuivre dans ce qu’il sait si bien faire en l’améliorant continuellement.

Ouvrant l’album « Reign of fire » est une entrée en matière classique mais toujours efficace.

Les rythmiques sont toujours férocement martiales mais le chant est plus ajusté, les refrains touchent plus justes et atteignent leur cible.

Le changement est certes en apparence imperceptible mais au fil des titres produit un terrible effet.

Parfaitement balancé et équilibré, « Dropping like flies » recèle un coté irrésistible avec ses refrains entraînants et ses solos lumineux.

Mais il n’y a pas que les mouches qui tombent car naviguant entre passages mélodiques toute en retenue et incroyables envolées gorgées de feeling « Last train home » permet au groupe d’atteindre les cimes de la perfection.

On se demande encore comment ce titre magistral à la fois intime et prenant n’est pas devenu un tube.

Et ce n’est pas fini ! «Tribal dance » reste quasiment au même niveau avec un groove fantastique et un punch propre à assommer un troupeau de buffles lancés au galop.

Emotion et grandeur sur « The truth always hurts » , court instrumental parfaitement léché sur « Half drawn bridge » venant introduire le plus pur chef d’œuvre de ce disque « Another day », déchirante power ballade sublimée par le talent de John Bush révélé dans une superbe montée graduelle en intensité.

Après de tels sommets, il paraît urgent de redescendre à des niveaux plus accessibles.

« Symbol of salvation » hard en pilotage automatique remplit placidement ce rôle mais c’est pour mieux faire rejaillir la classe pure d’un « Hanging judge »  véritable tube de heavy parfaitement calibré pour terrasser tout ce qui marche, rampe, vole ou nage.

« Warzone » maintient le bon niveau d’ensemble, « Burning question » enchante par ses savantes mélodies de guitare à la Judas Priest.

La fin de l’album est exceptionnelle avec « Tainted past » une superbe ballade semi acoustique qui prend tout le monde à revers et « Spineless » furieuse gifle surheavy terminant de manière souveraine ce disque de grande classe.

En conclusion, « Symbol of salvation » peut être considéré comme le meilleur album d’Armored Saint.

Le groupe a semble t il progressé graduellement depuis ses débuts, affinant son heavy metal rageur et frontal pour parvenir à trouver le mélange idéal combinant mélodies plus subtiles avec de grandes poussées de lave en fusion.

Armored Saint perd donc ici le coté quelque peu répétitif et linéaire qu’on pouvait lui reprocher à ses débuts pour trouver un style toujours puissant mais plus équilibré et plus intéressant.

Outre la qualité exceptionnelle des compositions, la véritable star de ce disque est pour moi John Bush qui chante ici il faut le dire à la perfection en parvenant enfin à canaliser sa phénoménale puissance pour l’utiliser à bon escient.

Pourtant malgré sa réussite artistique absolue, « Symbol of salvation » n’aura qu’un faible retentissement.

La même année Metallica sort en effet son « Black album » , les Guns and Roses leur mythique doublette « Use your illusion »  et Nirvana son « Nevermind » qui marqueront chacun l’histoire de la musique et feront de ces trois groupes des légendes.

Visiblement maudit, Armored Saint raccrochera les gants, chacun de ses membres volant de ses propres ailes dans divers groupes plus ou moins obscurs, le plus « chanceux » d’entre eux étant John Bush qui sera recruté par Anthrax alors au fait de sa popularité.

Il restera donc une belle discographie toute en progression, un style fort, affirmé culminant avec ce « Symbol of salvation » de grande classe qui fera honneur pour l'éternité à ses géniteurs.

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