Le tueur, tome 3, la dette (Matz, Luc Jacamon)

 



« Le tueur, tome 3, la dette » sort comme son habitude dans la foulée (2001) des deux précédents volumes.

Matz (scénario) et Luc Jacamon (dessins) place cette fois le tueur dans sa retraite vénézuélienne paradisiaque pour mieux le contraindre à obéir aux ordres de parrains colombiens de la drogue qui le rendant responsable de l’assassinat de leur contact Martini à Paris ne lui laissent aucune échappatoire possible.

Flanqué de sa superbe compagne latine (mais potiche), le tueur parvient néanmoins à se faire payer en négociant avec Mariano et son parrain, un richissime trafiquant de drogue aux moyens très étendus.

Il se retrouve donc en Argentine avec Mariano pour exécuter un périlleux contrat consistant à assassiner Ecoyen, le responsable de la lutte anti drogue de l’ONU.

Aidé par la corruption du service de sécurité, le tueur attire Ecoyen dans un guet append à call-girl et le tue à l’aide de son arme de prédilection, le fusil à lunette.

L’opération est un succès total, semant la panique au sein de la lutte anti drogue mondiale et permettant aux tueurs de s’enfuir sans laisser de traces.

Largement rétribué par un parrain reconnaissant, le tueur se voit confié une nouvelle mission lointaine à New York avec cette fois obligation de laisser Mariano effectuer le contrat afin de le laisser s’aguerrir.

Le contrat consiste à assassiner des intermédiaires américains qui se servent au passage et tentent de doubler le parrain.

Le tueur découvre donc les Etats-Unis et profite un peu de la vie nocturne et trépidante de la ville qui ne dort jamais, notamment ses bars de lap dance ou on est censé toucher avec les yeux.

Il se rapproche un peu plus de Mariano, qui lui aussi à une vision très cynique du crime, justifiant le trafic de drogue par la pauvreté de certains pays du tiers monde dont les habitants doivent s‘en sortir coute que coute, et sa richesse par sa qualité d’intermédiaire.

Avec l’inexpérimenté Mariano aux commandes, les choses se passent moins facilement qu’avec le tueur et l’exécution des malfrats cafouille à tel point que le tueur est obligé de terminer un travail que Mariano n’est pas capable d’assurer.

Le duo criminel revient néanmoins au Venezuela avec une aura grandie auprès du parrain.

Pourtant, malgré la démonstration éclatante des ses capacités, le tueur n’est pas pour autant affranchi de la dette de sang qui l’unit aux colombiens.

En conclusion, « Le tueur, tome 3, la dette » est dans la continuité des aventures précédentes tout en déplaçant le cadre parisien du tueur pour le situer dans un univers plus foisonnant et exotique des grandes métropoles américaines, que ce soit à Buenos Aires ou New-York.

Malgré son indépendance d‘esprit, l’homme s’aperçoit finalement que son métier exerce sur lui des contraintes implacable auxquelles il ne peut pas se soustraire.

Le prédateur solitaire, indépendant et discret devient donc finalement la marionnette de prédateurs plus puissants que lui qui tirent les ficelles à haut niveau sur l’échiquier du crime.

Dans pareilles conditions, seule sa haute compétence dans l’art du meurtre, lui permet d’avoir la vie sauve, mais pour combien de temps ?

Brillant sur le plan des dessins, « Le tueur, tome 3, la dette » montre finalement la fragilité du métier de tueur, avec l’illusion d’une indépendance de pacotille et la dépendance vis-à-vis d’employeurs abattant leurs cartes au gré des circonstances.

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