Bleu de Prusse (Philip Kerr)

 



Paru en 2018, l'année de la mort de son auteur, l'Ecossais Philip Kerr, « Bleu de Prusse » constitue l'une des dernière enquêtes de son héros l'inspecteur berlinois Bernie Gunther.

Ce volumineux polar historique se déroule en deux parties avançant en parallèle, une cavale quasi continue de l'inspecteur pour échapper en 1956 aux espions de la Stasi qui veulent le contraindre à commettre un assassinat en Angleterre et une autre partie, plus intéressante consistant à élucider le meurtre d'un ingénieur dans le « nid d'aigle » d'Adolf Hitler à la veille de la Seconde guerre mondiale.

Réputé pour ses qualités d'inspecteur à la Krippo, Gunther est envoyé par le général Heydrich à Obersalzberg dans les Alpes bavaroises pour retrouver le meurtrier de Karl Flex assassiné sur la propre terrasse de la résidence d'Hitler mais également pour collecter toutes sortes d'informations compromettantes à l'encontre de la garde approchée du Führer.

Accompagné de Korsch, qui ironie du sort le poursuivra dans la cavale des années 50, Gunther pénètre dans le petit monde fermé du Berghof régi du main de fer par Martin Borman.

L'inspecteur de plus en désabusé face à la montée irrépressible du nazisme va devoir jouer finement pour résoudre une enquête complexe qui dérange certains hauts cadres du parti, le tout dans un temps hyper contraint par l'arrivée imminente d'Hitler pour fêter son cinquantième anniversaire.

Son flair légendaire mettra à jour les combines instaurées par Borman et ses sbires principalement du racket sur les incessants marchés de constructions pour satisfaire les fantaisies d'Hitler.

Mais malgré l'impopularité de Flex au sein de la population et des ouvriers locaux, le mobile mis à jour sera finalement un crime passionnel commis par un ancien tireur d'élite jaloux.

En conclusion, « Bleu de Prusse » est une longue enquête racontée avec le talent et la gouaille habituelle de Kerr, qui rend son personnage de Bernie Gunther roublard et sympathique.

Plus que la cavale des années 50 finalement assez conventionnelle, on appréciera la reconstitution historique de l'ambiance du « Nid d'aigle » bavarois d'Hitler et les querelles intestines de pouvoir autour du leader nazi.

Le propos de Kerr est clair, l'écrasante majorité des dirigeants nazi étaient des gangsters qui utilisaient les privilèges que leur donnait leur statut pour acquérir prestige et argent.

Durant tout le récit, Gunther évolue sur le fil du rasoir, devant sans cesse composer avec les forces en présence au sein du parti nazi. Assez ironiquement la protection de Heydrich, son « commanditaire » et de Borman, intéressé personnellement dans l'affaire, le tirera de quelques situations délicates.

Sans être devenu un aficionado de Kerr et de son héros truculent, je reconnais l'efficacité de ce polar historique un peu trop étiré à mon goût cependant.

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