Le dictateur (Charlie Chaplin)

 



En ces temps troublés de résurgence de guerre européenne, j'ai souhaité visionner « Le dictateur » premier film parlant de et avec Charlie Chaplin.

Sorti en 1940 en plein début de la Seconde Guerre Mondiale, « Le dictateur » est une satire politique féroce montrant le parallèle entre Adenois Hynkel un dictateur d'un pays imaginaire nommé la Tomainia et son sosie, un barbier juif du ghetto, tous deux interprétés par Chaplin.

Le film montre tout d'abord un petit soldat incompétent et gaffeur de la Première guerre mondiale avant de tomber en amnésie après avoir fui le conflit avec un aviateur nommé Schutz (Reginald Gardiner).

20 ans après lorsque le soldat se réveille, la Tomainia est dirigée par Hynkel dictateur parodiant le nazisme.

Éructant de haine dans des discours incompréhensibles galvanisant des foules lobotomisées, Hynkel fait figure d'un conquérant couplant ambition mondiale folle et haine obstiné des Juifs, véritables boucs émissaires des maux du pays dans les années 30.

Bien loin de la politique, le barbier juif se rebelle lorsque des SA viennent peindre « Juif » » sur la vitrine de son magasin et est aidé dans ses démêlés avec la milice par Hannah (Paulette Goddard) sa voisine, avant d'échapper in extremis à une pendaison sauvage par l'intervention fortuite de son ami l'aviateur, Schutz devenu commandant.

Hostile à Hynkel, Schutz complote pour l'assassiner mais découverts, les deux hommes sont placés en camps de concentration.

Le dictateur allemand reçoit son homologue Napoleoni (Jack Oakie) un Italien grossier qu'il tente en permanence d'impressionner par la force de son armée.

Après des négociations tendues autour de l'invasion de l'Osterlich, les deux hommes signent un pacte de non agression, qu'Hynkel considère comme nul et lance ses troupes à l'attaque.

Profitant de sa ressemblance avec Hynkel, le barbier s'évade du camp, réussit à passer entre les rafles des soldats et s'approche d'une tribune dans laquelle poussé par son ami, il prend le micro pour placer un long monologue humaniste, allant à l'encontre de tous les discours haineux et stupides de Hynkel.

Réfugiée en Osterlich, Hannah entend le beau discours qui lui donne de l'espérance.

En conclusion, « Le dictateur » est un film majeur, d'une audace insensée pour son époque.

Censuré pendant des années dans de nombreux pays dont les États-Unis, qui accusèrent Chaplin de « communisme », « Le dictateur » propose une féroce satire de l'Allemagne nazi.

Imitateur génial, Chaplin met à profit son sens du burlesque pour ridiculiser Hitler qu'il fait passer pour un être enfant colérique tyrannisant ses subalternes comme le gros maréchal Goring avant d'etre lui-meme malmené par Mussolini, sorte de brute grossière.

Les nombreux gags (bagarres, chutes, quiproquos) parviennent o miracle à faire sourire de la violence du régime totalitaire, avant que Chaplin ne conclut par un surprenant monologue humaniste d'une rare force dans le cinéma.

Absurdement critiqué et censuré, « Le dictateur » est donc un chef d’œuvre politique entré à retard par la grande porte de l'Histoire du cinéma.

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