Marius, parcours commando (Alain Alivon)
Personnage charismatique popularisé par certaines émission de télé réalité aux forts relents de nostalgie militaire, Marius l’ex instructeur des commandos marine publie en 2013 son autobiographie intitulé « Marius, parcours commando ».
On découvre donc le passé de cet homme dur à la grande gueule dont les expressions fleuries ont fait le bonheur des émissions de télévision.
Alain Alivon dit Marius est né dans un petit village de Provence en 1965 et conserve jusqu’à aujourd’hui un fort attachement pour sa région d’origine.
Pourtant les débuts dans la vie du petit Alain sont difficiles : assistance publique auprès de sœurs dures et revêches à Marseille puis retour dans une cité d’Aix-en-Provence.
Le petit Alain se plaint régulièrement du manque d’amour de sa mère, visiblement dépressive et maniaque de l’ordre et de la propreté.
A contrario il développe un amour pour son père malheureusement emporté trop tôt par la maladie en 1984.
Cette mort précoce va le bouleverser et le faire basculer vers le chemin de la délinquance facile à suivre lorsqu’on a des fréquentations de petit loubard.
Pratiquant la boxe pour canaliser une violence latente, Alain joue les agents de sécurité dans des festivals de rock pour compléter son maigre salaire de magasinier.
Avec son groupe de quatre copains, Antonio, Jean-Marc, Patrick et Dominique, Alain est progressivement approché par des Corses du quartier pour braquer un receleur, voler des voitures ou « convaincre » des mauvais payeurs d’honorer leurs dettes.
Il aime les armes, les fringues, l’argent facile et en profiter avec des filles comme Sandra, elle-aussi de la cité.
Alain refuse pourtant de voler de la dynamite dans un chantier marseillais pour le compte d’un gros bandit corse mais se retrouve serré par les policiers lorsque ses amis moins regardants font la livraison.
Au commissariat, il essuie la violence d’un flic brutal et réplique de la même manière.
La chance lui sourit ensuite en la personne d’un jeune inspecteur qui lui conseille de se renseigner pour s’engager dans l’armée.
Touché par les mots et le respect de l’inspecteur, Alain saute le pas et choisit finalement les fusiliers marins.
Il se retrouve alors loin de ses racines provençales à Lorient pour faire connaissance avec les rigueurs de l’institution militaire.
Contre toute attente, Alain est impressionné par le charisme des instructeurs et bénéficiant de facilités physiques évidentes se lance dans la sélection pour devenir commando.
Celle-ci se révèle impitoyable avec des épreuves toutes plus harassantes les unes que les autres : endurance dans des marche à rallonge, adresse dans des parcours d’escalade et surtout privations de nourriture, de confort et de sommeil afin d’éprouver le mental des candidats.
Beaucoup renoncent une fois que leur corps les trahit ou qu’une vilaine blessure se manifeste.
Les instructeurs sont durs, violents et parfois stupidement cruels en ajoutant aux épreuves d’inutiles sévices physiques.
Alain dit Marius s’accroche, se découvre des capacités mentales pour atteindre avec une farouche détermination ses objectifs.
Il change, se discipline, apprend à canaliser dans certaines limites son agressivité et trouve dans ce dépassement permanent de soi et cette grande épreuve de solidarité, une forme de rédemption de son passé de voyou.
Le commando devant être complet, l’instruction se complète par le maniement des explosifs, une aisance de nageur de combat dans le milieu aquatique en plongeant à 4 m dans des cuves d’eau glacée ou en pagayant dans des zones maritimes déchainées par le vent et les courants.
Après une ultime mission nocturne pour simuler des conditions réelles avec enlèvement et torture, Marius est admis comme béret vert et major de promotion de surcroit.
Cette fierté d’appartenir au commando Montfort sera complété par l’obtention d’un brevet de parachutiste.
On comprend également que Marius le Provençal établira son QG dans cette Bretagne qu’il a appris à aimer et viendra s’y ressourcer régulièrement en famille entre deux missions à l’autre bout du monde.
De ces missions, l’Afrique tient une place centrale, continent fascinant ou se côtoient beauté, violence et misère humaine.
Entre les longs séjours d’entrainements à Djibouti ou pour se changer les idées il intègre la Police Militaire afin de prévenir les débordements des militaires dans les quartiers chauds de la ville, Marius se rend en Côte d’Ivoire lors de la guerre civile Gbagbo-Ouattara, et voit la mort partout ainsi qu’un fort sentiment anti-blanc se développer.
Assez curieusement, il s’épanche peu sur sa mission en Yougoslavie préférant insister sur la longue période de préparation à la survie dans le froid des Cévennes avec des aventures rocambolesques autour d’un mouton récupéré pour le diner ou d’une plaquette de chocolat dévorée en cachette en abusant de la confiance d’un camarade.
La dernière partie du livre est-elle consacrée aux aventures cinématographiques provoquées grâce à un numéro d’ « Envoyé spécial » dans lequel la personnalité de l’instructeur a crevé l’écran.
Marius qui finit par quitter l’armée en 2006 pour devenir réserviste, revient donc dans le sud pour travailler à la sureté portuaire de Marseille et enchaine avec bonheur les expériences au cinéma ou à la télévision en se payant le luxe de côtoyer quelques vedettes comme Benoit Magimel ou Diane Kruger.
Cette autobiographie en forme de confession se termine alors par un vibrant hommage à ses proches, mais aussi par les difficultés que tout commando a pour reprendre une vie civile normale après avoir connu les poussées d’adrénaline et les traumatismes de la guerre.
Assez fugacement est évoqué la tentation du suicide avant d’être balayé d’un revers de ranger.
En conclusion, « Marius, parcours commando » est un ouvrage à l’image du personnage : fort et sans détour.
L’exemple de cet homme montre que le courage et la détermination peuvent permettre de s’arracher à des conditions socio-affectives de départs plus difficiles que les autres et que la fatalité quand on est issu d’un milieu modeste n’existe pas.
Marius comme tous les militaires regorge d’anecdotes de « bonhommes » mais ne dit pas tout, notamment sur le fait d’avoir tué personnellement des ennemis au combat.
La phase « apprentissage/commando » est peut-être trop développée par rapport au reste, mais ceci peut s’expliquer par le fait que c’est comme cela que le public perçoit le personnage.
On y découvre le niveau d’exigence absolument ahurissant demandé aux élèves, la cruauté des instructeurs et en ressort ébahi par ces machines de guerre façonnées à la sortie du processus.
Une biographie plaisante donc qui se déguste comme un alcool fort (pastis ou whisky) en fumant un bon cigare.
A votre santé « Patron » !
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