Demanufacture (Fear factory)

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Nouveau basculement dans la violence musicale avec un groupe doté d’une fort belle cote à la fin des années 90, Fear factory.

Californiens, les membres du groupe ont la bonne idée à l'orée des années 90 de croiser leurs influences (death-thrash metal) de sonorités industrielles plus que poussées le tout en créant un univers futuriste cauchemardesque nourri d’œuvres de science fiction narrant l’opposition entre hommes et machines douées de volonté autonome.

En 1995 voit donc le jour « Demanufacture »  première vraie tentative musicale illustrant cette curieuse tentative.

Fear factory est alors composé de Burton C Bell au chant, Dino Cazares à la guitare, Christian Olde Wolbers à la basse, Raymonde Herrera à la batterie et de Rhys Fulber aux claviers.

Avec sa belle pochette énigmatique montrant une mutation génétique (logique ?) d’un squelette organique en métal, « Demanufacture » met immédiatement dans l’ambiance en déployant un cyber-thrash violent aux rythmiques explosives teintées de froides sonorités technologiques.

Le chant de Bell est ici dur et hargneux pour un résultat très agressif.

Sur « Self bias resistor » il introduit quelques variations plus mélodiques notamment sur les refrains particulièrement réussis.

Cette versatilité entre death rugueux et mélodies plus aériennes constituera l’une des clés de la formule magique du groupe.

La paire Herrera-Wolbers apporte son infernale puissance de feu, Cazares ses riffs de mammouth, Fulber des univers plus doux et mystérieux, Bell faisant la jonction permanente entre ses mondes entrant en collision.

Le niveau monte encore avec « Zero signal » qui pousse encore plus loin l’apport des machines et la fluidité des refrains cette fois emplis d’une authentique grâce.

Puis vient le tube du groupe, « Replica » qui pousse l’efficacité de la formule à son paroxysme entre terribles assauts de marteaux piqueurs industriels et beauté aérienne transcendantale.

On revient à des choses plus basiques sur « New breed » très bourrin et frontal avant de passer à un registre étonnamment mélodique sur « Dog day sunrise » ou Bell révèle toute l’étendue de son étonnant talent vocal.

Mais Fear factory n’a pas tiré son dernier rayon laser puisqu’arrive le terrifiant « Body hammer » qui alterne passages d’une lourdeur pachydermique avec belles envolées en forme de chant du cygne.

L’usine à créer de la peur se fait en apparence encore plus rude sur « Flashpoint » avant de basculer dans une ambiance quasi religieuse purement envoutante.
L’auditeur est pris à la gorge par l’introduction de « Hunter-Killer » qui reproduit une communication entre forces de police pour lancer un titre porté par une rythmique folle furieuse et des refrains d’une force inouïe.

Fear factory fait encore une fois forte impression en mélangeant enfer industriel et grâce divine apaisante sur « Pissechrist » et se surpasse définitivement sur « A therapy for pain » incroyable complainte à l’atmosphère religieuse grandiose.

En conclusion, « Demanufacture » est un chef d’œuvre incontestable et une véritable synthèse vivante de ce que l’on peut faire de mieux en terme de metal industriel.

Après un début des plus rugueux, l’album dévoile peu à peu ses contours d’une richesse infinie, montrant des subtilités inattendues avant d’atteindre une sorte d’état de grâce absolue.

La violence symbolisée par les machines est en effet très présente tout au long du disque.

Elle se caractérise par des rythmiques pilonnant sans relâche comme d’infernaux marteaux piqueurs pilotés par une unité centrale devenue folle.

Au milieu de cet océan de rage mécanique surnage quelques bribes d’une humanité, fragile, touchante, aspirant vers une élévation spirituelle pour accéder au salut divin et fuir le cauchemar industriel qu’elle a elle-même crée.

Bell incarne formidablement ces deux versants du monde partagé entre violence et désir d’élévation.

 Le tout fait une œuvre unique, magistrale du métal contemporain !

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