Chroniques de la guerre sur mer (Dino Buzzati)


 

 Changement d’ambiance avec « Chroniques de la guerre sur mer » de l’écrivain italien Dino Buzzati.
Sorti en 2014, « Chroniques de la guerre sur mer » est la compilation des carnets de bords de Buzzati alors qu’il embarque comme reporter pour la Corriere della Serra sur les navires de la Marine italienne en 1940 pour un conflit dont la Méditerranée, définie par Mussolini comme la Mare nostrum, est l’enjeu stratégique.
Si l’écrasante majorité des récits narre d’épiques batailles navales entre croiseurs, destroyers et sous-marins anglais et italiens ou se distingue l’héroïsme souvent désespéré de ces derniers, Buzzati sait aussi surprendre et révéler les hommes derrière les militaires.
Souvent en situation d’infériorité qu’elle soit numérique ou liée aux conditions de mer, les Italiens luttent avec courage, vendent chèrement leur peau en endommageant ou détruisant leurs adversaires avant de périr l’amour de la patrie, du Roi et du Duce profondément enfiché dans leur poitrine.
Si cette partie met mal à l’aise par son coté propagande et soumission étroite au pouvoir fasciste qui ne pardonnait pas la faiblesse, il est difficile en revanche de ne pas vibrer au récit de ces combats ou valsent obus, bombes, torpilles, balles et violents éperonnages.
Impossible également de ne pas vibrer dans les duels épiques entre avions et navires.
Buzzati excelle aussi dans le réalisme de l’organisation humaine des navires avec les rôles soigneusement répartis entre officiers en passerelle, artilleurs sur les ponts et mécaniciens dans les locaux les plus insalubres du navires.
Les descriptions des mouvements audacieux des sous-marins qui attaquaient en surface et plongeaient ensuite pour sauver leur peau en échappant aux grenades lâchées par leurs adversaires sont particulièrement réussies.
Buzzati sait pourtant dépasser le cadre strict de l’écrivain militaire pour livrer des réflexions plus poétiques et profondes narrant ses rêves, l’absurdité du conflit, l’inquiétude, la douleur des proches restés à terre, vivant dans l’attente d’une nouvelle tragique…
En conclusion, malgré son aspect partisan glorifiant par trop la propagande italo-fasciste de l’époque, « Chroniques de la guerre sur mer » est un remarquable objet littéraire qui ravira tous les amateurs de spectacles épiques ou se mêlent violence, éléments déchainés et grandeur des sentiments.
Chroniqueur de grand talent, Buzzati parvient malgré la répétition des situations de combat à tenir en haleine et ensuite à toucher les cœurs par une vision plus poétique ou individuelle du conflit.
Si on ne peut parler d’une œuvre géniale, « Chroniques de la guerre en mer » est sans nul doute une référence incontournable du roman maritime.

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