Moins que zéro (Bret Easton Ellis)

 



Enfant terrible et surdoué de la littérature moderne, Bret Easton Ellis sort son premier roman à seulement 23 ans.
Sorti en 1987, « Moins que zéro », raconte l’histoire de Clay un jeune étudiant revenant dans sa ville natale de Los Angeles après avoir passé plusieurs mois dans le New Hampshire.
Appartenant à la classe très aisée de la ville, Clay retrouve sa petite amie Blair et passe la plus grande partie de son temps dans les « parties » organisées par ses nombreuses connaissances.
Sous le chaud soleil californien, les étudiants se divertissent en conversations futiles sur les fringues de marque, les derniers jeux vidéos à la mode mais surtout dans une consommation astronomique de drogues dures.
Clay promène donc son ennui de soirée en soirée, se remémorant fugacement des flashs de son enfance, ses grands-parents et ses virées dans sa belle maison à Palm springs dans le désert californien.
Essentiellement descriptif d’un certain mode de vie désœuvré, le roman bascule finalement dans une intrigue plus construite dans laquelle, Clay qui a prêté de l’argent à un dealer appelé Julian, entre en contact avec un plus gros dealer appelé Finch.
Clay découvre que Finch tient Julian sous sa coupe et l’oblige à se prostituer pour rembourser ses invraisemblables dettes de came.
Finch tente de l’attirer également dans le monde de la prostitution masculine ou de jeunes et beaux garçons blonds, bronzés et minces s’offrent à des clients riches plus âgés.
Poursuivant sa spirale vers le fond du fond, Clay échappe de peu aux griffes de Finch et découvre l’horreur des viols de mineurs pratiqués par des connaissances Rip et Spin, fascinés par les « snuff movies ».
Les choses tournent mal quand Julian tente de s’extraire de l’influence de son mac et finit tué par overdose.
Dégouté de cette vie, Clay reprend un avion vers le New Hampshire après une pénible scène d’adieux avec Blair qui a bien comprit qu’il ne l’aimait plus.
En conclusion, si sur le fond, « Moins que zéro » ne présente aucun attrait particulier et déroule une intrigue transparente sur fond de pop-rock-MTV des années 80 (The eagles, U2, Billy Idol, INXS, Soft machine), son style particulier descriptif si froidement détaché en fait une chronique particulièrement réussie de l’american dream californien et par extension donc du monde moderne occidental : matérialiste, superficiel, vide et centré sur sa propre décadence banalisant le sexe, les jeux vidéos, la drogue et même la mort.
Comme pour Houellebecq, difficile donc de sauter de joie face aux thèmes désenchantés et glauques de Ellis, mais on pourra en revanche saluer son style parfait reflet la jeunesse occidentale à la dérive...

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