Le club du suicide (Robert Louis Stevenson)

 



Les déplacements professionnels peuvent être à mon sens formidables lorsque vous voyagez avec un livre qui vous captive.
Cela a été mon cas récemment avec "Le club du suicide".

Voyager avec Stevenson est un peu pour moi comme prendre des leçons de natation avec Michael Phelps tant cet écrivain me subjugue. 

Le grand public le connaît surtout par ses romans d’aventure dont l’impérissable chef d’œuvre «  Ile au Trésor » (non ce n’est pas un livre tiré du téléfilm ou on voit Gérard Jugnot en « effrayant » pirate ) mais le génie de cet écrivain est en réalité universel et capable de s’exprimer dans plusieurs genres.

« Le club du suicide » appartient donc à la veine « non exotique » de Stevenson.

Il n’en est pas moins passionnant, s’inscrivant dans une thématique plus sombre flirtant avec l’étrange.

D’entrée le titre m’a accroché et ce malgré une couverture il faut bien le dire franchement minable en regard de la qualité de l’ouvrage

(A cela Folio pourrait répondre que les 2 euros que j’ai payés pour ce livre de poche justifient la platitude de la présentation. )

A mes yeux toute la force du roman repose sur l’idée de départ.

A Londres au XIX ieme siècle existe une société secrète, un club privé réunissant chaque soir des membres las de l’existence dont le but est de mourir mais qui n’ont pas assez de courage pour mettre leur projet à exécution.

Le président de ce club du suicide est le seul à ne pas mettre sa vie en jeu.

Il demande 40 livres d’adhésion et exploite en quelque sorte le détresse humaine de gens soit criblés de dettes, soit malades, soit déshonorés ou en passe de l’être soit sous le coup d’un désespoir amoureux

Le principe est simple, un jeu de cartes, celui qui tire l’as de pique mourra le soir même, celui qui tire l’as de trèfle sera l’exécuteur.

Les personnages principaux sont le Prince de Bohème et son fidèle écuyer le colonel Géraldine.

Le Prince est un aristocrate excentrique en permanence en recherche d’aventures extraordinaires.

Ces personnages hors nomes, assez décalés et peu réalistes sont pour moi de complets aventuriers, à l’instar des Phileas Fogg et Passe Partout voir des Sherlock Holmes et Watson pour le coté plus british.

Leur quête les mène à entrer en contact avec ce club et à y pénétrer en se faisant passer pour des candidats au suicide.

Le Prince et son écuyer découvrent donc les terrifiantes pratiques de ces jeux morbides.

Désigné pour mourir le deuxième soir, le Prince est sauvé par ses serviteurs et décide d’arrêter les agissements de ce club.

Il rembourse les dettes des malheureux et décide en parfait gentilhomme que le président doit mourir en duel honorable, tué par le jeune frère de Géraldine.

Il reporte ce duel le temps de trouver le frère et laisse partir le président en disposant deux espions pour surveiller ces faits et gestes.

Mais les président est habile, retors et échappe à ses gardiens.

La deuxième partie du roman, se présente en apparence complètement dé corrélée de la première avec l’apparition de Saratoga, jeune américain vivant à Paris victime d’un inquiétant coup monté visant à le faire accuser d’un crime qu’il n’a pas commis en déposant le corps d’un homme dans sa chambre.

Puis les fils se relient entre eux, on découvre que le corps en question est celui du frère de Géraldine, qu’il a été exécuté par le président du club du Suicide pour échapper au duel.

Victime innocente, bouc émissaire promis au sacrifice, Saratoga sera soutenu par le Prince qui lui permettra de ce débarrasser du corps en le transportant dans une malle jusqu’en Angleterre.

Dernière partie de ce livre à l’intrigue surprenante, l’affrontement final entre le prince et le président du club constitue peut être la partie la moins intéressante du roman.

Roman sans doute mineur  de Stevenson, « Le club du suicide » constitue néanmoins un délicieux divertissement reposant sur les surprises que nous distille savamment l’écrivain dans une atmosphère d’aventure et de mystère.

On pourra certes objecter quelques invraisemblances dans les liaisons des parties constitutives entre elles mais celles ci sont pour moi balayées par la richesse, la beauté de la langue et par la force émotionnelle de la première partie relatant le processus de ce jeu de la mort.

Stevenson dans un registre ou il m’était peu connu, parvient à me surprendre et à me séduire encore une fois.

La marque d’un immense écrivain parfaitement maître de son art.

 

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