Le serment des barbares (Boualem Sansal)

 


 


Littérature arabe avec le « Le serment des barbares » , premier roman de l’écrivain algérien Boualem Sansal sorti en 1999 qui rencontra un beau succès international malgré la censure sévissant dans son propre pays.

Construit sur le mode du polar, « Le serment des barbares » relate dans la ville de Rouïba pret d'Alger, au début des années 90 en pleine ambiance de guerre civile algérienne l’enquête de l’inspecteur Larbi autour de deux assassinats en apparence décorrélés celui de Si Moh richissime maffieux travaillant dans le bâtiment et Abdallah Bakour, modeste ex ouvrier agricole ayant travaillé pour les colons français.

Vieux policier intègre et désenchanté, Larbi mène son enquête avec ténacité, ce qui le conduit sur le terrain difficile de l’histoire tourmentée de son pays.

En réalité, l’aspect policier de ce roman n’est qu’un artifice pour décrire les difficultés de la vie en Algérie dans les années 90  et du même coup dénoncer la corruption d’un état brutal et maffieux.

Sansal décrit en effet un pays en pleine décadence, avec une population prise en otage entre féroces poussées des terroristes islamistes du FIS  et pouvoir politique aussi incompétent que dictatorial.

L’écrivain remonte jusqu’à la guerre de libération contre les Français, guerre ayant abouti à la mise en place d’un régime gouverné par les chefs de guerre survivants du FLN ayant écarté leurs rivaux originellement plus pacifistes du MNA (Mouvement National Algérien).

Ceux ci ont selon lui patiemment attendu leur heure, tapis dans l’ombre et soufflé sur les braises du terrorisme islamiste pour prendre leur revanche.

Tout se mêle donc dans un désespoir assez déprimant.

Sansal décrit le naufrage des pouvoirs publics, des hôpitaux, du système éducatif formant des apprentis chômeurs et la peur instaurée aussi bien par les attentats aveugles que par les brutales répressions de la police secrète et ses commando de « ninja » masqués.

Si le fond de ce live m’a intéressé et m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur l’histoire de l’Algérie depuis la décolonisation, j’ai eu en revanche plus de difficultés sur le style de l’auteur, riche en multiples tergiversations avec moultes anecdotes et interminables descriptions.

Ce style hache quelque peu le rythme du récit et rend complètement artificielle l’enquête de Larbi qui passe plus de temps en analyses socio-historiques et en lamentations qu’a réellement faire son travail de policier.

Dans un genre similaire j’ai préféré les romans de Yasmina Khadra, dotés d’un style plus élégant et porteurs d’un message malgré tout plus positif.

« Le serment des barbares » est donc pour moi une longue plainte ininterrompue, un cri de colère, d’indignation, de désespoir brut pas assez canalisé à mon goût.

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