La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants (Michel Desmurget)

 


En 2019, le neuroscientifique Michel Desmurget publie « La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants ».

Derrière ce titre choc, ce cache un homme de convictions déterminé à alerte l'opinion publique sur les idées reçues à propos des écrans.

En bon scientifique, Desmurget commence tout d'abord à poser son sujet et surtout à battre en brèche les opinions du grand public sur le numérique.

A grand renfort d'études d'organismes internationaux comme l'OMS, américains car les plus avancés sur la question ou européens, Desmurget démontre que les enfants précocement exposés au numérique ne sont pas plus intelligents que les autres et que au contraire leurs capacités cognitives se trouvent amoindries.

Cette opinion voulant que le numérique dope les capacités des enfants est largement répandues par la sphère médiatique qui invite des pseudo-experts incompétents ou payés par les industriels pour promouvoir l'aspect positif de leurs produits.

Face à des journalistes peu rigoureux, ces « experts » ne se basent souvent sur aucune vérité scientifique et énoncent de simples opinions.

L'écho de ses opinions est cependant important et entraîne au nom d'une fausse équité de droit de parole, la mise sous cloche des véritables résultats d'études sérieuses montrant de manière écrasante la nocivité des écrans sur le développement des jeunes.

Propager le doute, fausser les pistes, faire passer le marketing des « jeux éducatifs » avant la santé publique, tels sont les résultats de ces manœuvres, relayées souvent par les hommes politiques soit par réelle manque de compétences soit par faiblesse face aux lobbies.

Et même lorsque des études sortent, Desmurget s'attache à les battre en brèche pour démontrer que les loisirs numériques entraient une baisse des performances scolaires, du niveau de santé voir des comportements à risques (agressivité, addictions, dépression, suicide).

L'exposition massive depuis la prime enfance aux écrans que ce soit télévision, tablettes, smartphones ou jeux vidéos est la source de ses dérèglements.

Même si certains enfants sont protégés par leurs parents appartenant à des couches sociales plus favorisées, la tendance reste globalement alarmante.

L'enfant développe des troubles de l'attention, du sommeil et a des difficultés pour emmagasiner les savoirs académiques dispensés à l'école.

Si les jeux vidéos développent la vision périphérique face aux multiples stimuli, ces capacités sont bien inutiles dans la « vraie » vie.

Savoir surfer sur Internet ou être sur les réseaux sociaux ne rend pas non plus intelligent : la savoir sur la toile est peu fiable, non organisé et non hiérarchisé. Quant aux réseaux sociaux ils se distinguent par la pauvreté de leur vocabulaire surtout comparés aux livres.

Même l'apport des logiciels dit « éducatifs » des programmes scolaire reste minime.

Autre conséquences non négligeables : la perte des interactions sociales notamment avec les adultes censés former l'enfant, une sédentarité accrue aboutissant à du surpoids.

Desmurget rappelle également que le numérique reste un puissant vecteur de la Trinité la plus dévastatrice pour la santé publique : tabac/alcool/obésité.

En effet l'image des deux premiers est largement valorisée dans les films, séries et clips : virilité pour les hommes, sensualité pour les femmes.

L'adolescent peut donc s'identifier à ses modèles et ainsi entrer dans le piège tendu par les puissants industriels de ces secteurs.

Les pratiques sexuelles à risques ou la violence propagée par certains jeux vidéos contribuent aussi à déformer le référentiel des jeunes en entretenant de fausses valeurs dangereuses.

En conclusion, « La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants » est un livre coup de poing rageur mais dont la rage est parfaitement canalisée pour faire mouche, démonstrations scientifiques à l'appui.

Desmurget secoue le lecteur pour lui faire ouvrir les yeux mais propose des méthodes jugées par certains radicales et drastiques pour limiter au maximum l'impact nocifs des écrans sur nos enfants.

Ainsi sont prônées les règles du pas d'écran avant 6 ans, puis 30 minutes jusqu'à 12 ans avant de passer à 1h maximum.

Même si il sera difficile de rester à la pression sociale, les résultats ne pourront être que bénéfiques pour l'enfant qui aura plus de temps pour faire du sport, lire, explorer les loisirs créatifs (peinture, dessin, musique)...et ainsi se développer harmonieusement.

Quitte à rappeler certaines évidences, aucun écran ne remplacera jamais l'éducation dispensée par un parent ou un professeur.

Apprenons donc à nous discipliner, les adultes en tant que modèles les premiers !

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