Raga (Jean-Marie-Gustave Le Clézio)

 



Avec « Raga » il s’agissait de ma première découverte de Jean-Marie-Gustave Le Clézio, le prix Nobel de littérature de 2008.

Ce livre est une forme d’hommage aux peuples de l’Océanie, le continent invisible, comme l’appelle si poétiquement l’auteur.

Bien que sans doute le plus vaste continent au monde de part son immense superficie, l’Océanie a toujours été quelque peu oubliée en raison de l’extrême éparpillement de ses territoires habitables composés essentiellement de petites îles aux exceptions notables de l’Australie et de la Nouvelle Zélande.

Dans « Raga » , Le Clézio se concentre sur  l’histoire des peuples mélanésiens de l’état de Vanatu, situé sur l’archipel des Nouvelles Hébrides.

Il imagine le premier peuplement de ces îles, puis dénonce l’arrivée au XVIIIeme siècle des explorateurs occidentaux qui colonisèrent par la force ces peuples insulaires proche de la nature vivant de chasse et de pêche.

Le Clézio raconte la colonisation, l’évangélisation, la pratique de l’esclavage appelé le « blackbirding», s’accompagnant de révoltes et de répressions sanglantes.

Cet infatigable voyageur se mue en conteur faisant revivre les mythes et coutumes des peuples océaniens, leur attachement à la nature, à la terre, à la mer, aux plantes et aux animaux.

Tout au long de ce livre, on sent une grande fascination pour la beauté divine de cette nature sauvage et la pureté de ces peuples, mais  également beaucoup d’amertume à l’égard de la modernité, du tourisme et du monde industriel venus altérer cet éden du bout du monde.

J’ai trouvé ce parti pris quelque peu agaçant, dédouanant un peu rapidement les Fidjiens et Samoans qui participèrent à la mise en place du blackbirding.

Dans un monde fondé sur la domination et l’exploitation de l’homme par l’homme, il était logique que ces peuples trop divisés, trop peu nombreux et éparpillés subissent la loi de plus forts, même si pour sans doute de mauvaises raisons.

J’ai néanmoins apprécié le style épuré et poétique de l’auteur, aussi aérien et gracieux qu’une plume au vent.

Au final, les peuples d’Océanie ont survécu à la colonisation, sont devenus indépendants retournant partiellement à leurs racines, se méfiant encore instinctivement des Blancs.

De ce douloureux passage est né un métissage culturel, symbolisé par la langue créole présentée comme un acte initial de résistance à l’occupant et par l’adoption de la nouvelle religion chrétienne.

« Raga » atteint donc indéniablement son but de vecteur culturel avec néanmoins quelques réserves sur le fond du propos trop à sens unique à mon sens.

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