Tandis que j'agonise (William Faulkner)

 



Première rencontre avec l’un des écrivains américains les plus renommés William Faulkner par l’entremise de son livre « Tandis que j’agonise ».

L’histoire se déroule aux États-Unis, dans l'état du Mississippi au début du vingtième siècle.

Chez les Bundren une famille de fermiers, un drame a eu lieu : Addie la mère de la famille est morte.

C’est donc un peu comme si le centre de gravité de toute la famille, celui qui assurait la stabilité de la vie des Bundren disparaissait.

Prisonnier d’une promesse faite à Addie, son mari Anse, va devoir accomplir un long voyage pour aller l'enterrer dans sa ville natale  de Jefferson.

Commence alors un long et pénible voyage à travers le Sud des États-Unis.

Durant ce voyage Faulkner va décrire à l’aide d’un procédé de monologue intérieur les pensées de chacun des membres de la famille Bundren face à ce drame, que ce soit Anse ou les enfants, quatre garçons Darl, Jewel, Cash, Vardaman et une fille Dewey Dell.

Malgré ce style novateur, « Tandis que j’agonise » revêt une forme difficile à appréhender car à chaque chapitre on change de personnage et les retours en arrières chronologiques sont nombreux ce qui a pour effet de rentre la lecture déroutante.

Tout au long du récit, on apprend à connaître les différents personnages, que ce soit Anse, chef de famille peu courageux, peu charismatique et peu intelligent , Jewel excellent cavalier au caractère fougueux et difficile, Vardaman très jeune enfant au psychisme perturbé qui compare sa mère à un poisson qu’il a péché, Cash qui déploie une obstination surnaturelle à réaliser le cercueil de sa Mère, Dewey Dell enceinte sans être mariée qui cherche à se faire avorter, et Darl le personnage intelligent et sensible dont le point de vue est le plus représenté dans le roman.

Au cours de ce voyage les difficultés vont se succéder : des inondations suite à un violent orage vont faire s’écrouler les ponts ce qui va entraîner la mort de mulets, une fracture de la jambe de Cash et l’immersion du cercueil dans l’élément liquide.

Au milieu du roman, la défunte s’exprime dans un ultime et cinglant monologue.

On découvre alors une femme haïssant son mari et ses propres enfants dans une vie qu’elle n’a pas vraiment choisie, une femme dévorée par le sentiment du péché du à son adultère avec le pasteur Whitfield, adultère ayant pour conséquence la naissance de Jewel.

Obligée de faire des détours, prise par le temps en raison du pourrissement du corps, la famille va finalement aller dans la douleur au bout de son chemin de croix mais en chemin le jeune Darl va perdre la tête et va devoir se faire interner dans un asile.

Le roman se termine par la présentation de la nouvelle femme de Anse à sa famille.

« Tandis que j’agonise » est un roman difficile, se déroulant dans un climat tragique d’une pesanteur inouïe.

On est saisi par le coté frustre de ces paysans misérables, leurs mœurs simples, rudes, leur absence de communication et leur quasi impossibilité à exprimer leurs sentiments.

Pourtant la douleur du deuil existe bel et bien et les affecte sous diverses formes que ce soit dans les délires hallucinatoires du jeune Vardaman, la violence de Jewel, l’activité physique frénétique de Cash ou le basculement dans la folie de Darl.

Faulkner décrit un monde pauvre, dur, ou les deux valeurs essentielles que sont l’assommant travail de la terre et la soumission à Dieu vont de pair avec des secrets familiaux souvent lourds de haine et de frustration.

Outre le style narratif original, on saluera, la beauté et la force de la langue riche en métaphores pour la plupart sinistres.

Pour autant je n’ai pas été vraiment séduit par ce livre au style déroutant et difficile, d’une noirceur étouffante mettant en scène des personnages trop primitifs pour que je puisse totalement m’identifier à eux.
Être impressionné ne signifiant pas être séduit ...

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