Shutter island (Dennis Lehane)

 



Par le hasard le plus fortuit j’ai lu « Shutter island » de Dennis Lehane et appris entre temps qu’une adaptation cinématographique réalisée par Martin Scorsese sortira dans quelques semaines.

Difficile de se faire un a priori très tranché tant je n’avais pas aimé le très lourdingue « Prières pour la pluie » du même auteur et avais plutôt apprécié l’adaptation cinématographique de « Mystic river » par Clint Eastwood.

« Shutter island » est un roman policier se déroulant en 1954.

Deux marshals américains, Teddy Daniels et Chuck Aule se rendent sur « Shutter island » une île prêt de Boston pour enquêter sur la disparition inexpliquée d’une patiente d’un hôpital psychiatrique pour malades extrêmement dangereux.

La patiente, une infanticide nommée Rachel Solando, s’est semble t il volatilisée de manière inexplicable laissant dans sa cellule une mystérieuse énigme codée.

Rapidement Teddy apparaît comme le personnage principal du roman.

Son histoire personnelle est très douloureuse.

Il doit en effet faire face à un terrible deuil, celui de sa femme Dolorès, tuée lors d’un incendie allumé par un pyromane nommé Laeddis.

Outre les terribles cauchemars et migraines dont il est l’objet, Daniels est un ancien de la seconde guerre mondiale, à l’occasion de laquelle il a tué beaucoup d’allemands en Europe et vu les camps de la mort de Dachau.

Daniels est obsédé par le souvenir de sa femme et espère secrètement que Laeddis se trouve sur cette île pour régler ses comptes.

Le personnage de Chuck paraît plus détendu, plus sur de lui et à l’aise dans les rapports humains que son coéquipier.

Lors de leur enquête, les deux marshals se heurtent à de grandes réticences de la part du docteur Cawley qui semble leur cacher des choses sur les activités de son établissement.

L’atmosphère sur Shutter island est très sinistre, très inquiétante, avec un personnel médical peu coopératif, une végétation dense et hostile, la présence de colonies de rats et d’une terrible tempête qui s’annonce.

Profitant du désordre crée par cette tempête, le duo de policier pénètre dans un pavillon ou sont traités les malades les plus dangereux.

Petit à petit la véritable nature des « soins » réalisés par l’équipe du docteur Cawley se dessine et l’horreur va croissante.

Nous sommes au début des maladies mentales par traitements chimiques, des expérimentations ont donc lieu sur les patients, les plus irrécupérables étant soumis à de violents électrochocs ou affreusement opérés.

Très perturbé, Daniels se met à douter de tout, y compris de son coéquipier.

Il se perd sur l’île et rencontre la véritable Rachel Solando dans une grotte qui lui révèle son statut d’ancien médecin, lui explique que Cawley veut le tuer et qu’il est depuis son arrivée à Shutter, drogué par tout ce que lui donne le docteur.

Isolé, traqué, Daniels va lutter de toutes ses forces pour se sortir de ce piège infernal avant que la vérité, terriblement surprenante ne vienne renverser brutalement tout l’édifice patiemment construit par Lehane.

En conclusion « Shutter island » est un très bon polar à l’atmosphère rétro et oppressante comme seule peut être une visite dans un hôpital psychiatrique perdu sur une île sinistre.

Lehane joue sur le registre de la schizophrénie, de la folie, pour manipuler le lecteur et mieux le prendre à revers dans un final terrassant brisant le sentiment de froide efficacité que l’on pouvait ressentir jusqu’alors.

Je pense donc très certainement aller voir le film de Scorsese.

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