Désert (Jean Marie Gustave Le Clézio)

 



Nouveau détour vers notre prix Nobel de littérature avec « Désert » de Jean-Marie Gustave Le Clézio.

Premier grand succès commercial de l’auteur en 1980, « Désert » est une grande fresque spatio-temporelle entrelaçant le destin de deux jeunes enfants, Nour un fils de bédouin saharien embrigadé dans la dernière révolte des Marocains contre la conquête Française en 1909 et Lalla, fille d’une cité proche du Sahara dans les années 70.

Nour marche avec l’armée du cheikh Ma El Ainine, considéré comme un saint homme de l’Islam et qui parvient par son aura quasi légendaire à fédérer les tribus bédouines pour aller lutter contre les armées « chrétiennes » françaises.

Avec son style élégant et onirique, Le Clézio décrit cette longue marche dans le désert, magnifiant quasiment chaque étape de la progression du jeune homme dans un environnement incitant il est vrai à de grandes envolées épiques.

Que dire si ce n’est que c’est fort joliment écrit mais finalement assez vide et ennuyeux ?

L’histoire de Lalla est plus intéressante car moins terriblement linéaire.

La jeune fille élevée par sa tante est amoureuse du désert, de la nature (même des mouches et des guêpes ! ) et fréquente un mystérieux jeune berger nomme le Hartani avec qui elle a sa première relation sexuelle.

Trop farouchement indépendante pour la société ou elle vit, Lalla est contrainte pour échapper à un mariage forcé à la fugue et à l’exil de l’autre coté de la Méditerranée.

A Marseille, Lalla connaît la misère et travaille comme femme de chambre dans des hôtels sordides du quartier du panier.

Elle découvre qu’elle est enceinte du Hartani ce qui rend sa situation bien précaire.

Lalla fréquente un mendiant gitan qui finit par se faire tuer lors d’un cambriolage raté.

Puis un véritable conte de fée se produit puisqu’elle est repérée par un photographe parisien qui fait d’elle une cover girl qui renommée dans toute la France (!)

Lalla connaît donc Paris et sa vie nocturne si superficielle.

Loin de s’oublier elle quitte brutalement cet environnement pour tel un saumon sauvage revenir accoucher dans sa région natale.

En conclusion, malgré sa renommé mondiale « Désert » ne m’a pas bouleversé outre mesure.

Sur la forme rien à dire, Le Clézio est un parfait esthète de la langue française.

Son style léger, poétique et limpide est toujours agréable à lire.

Sur le fond en revanche, beaucoup plus de réserves.

Passé le légitime émerveillement devant la beauté et la puissance sauvage du Sahara, le roman ne décolle pas vraiment.

L’épopée de Nour se termine par la défaite brutale des armées du cheikh devant des troupes françaises mieux organisées, mieux armées et le chef de guerre islamique cède logiquement devant la puissance industrielle et économique d’une grande nation occidentale du XXéme siècle.

On ne sait pas très bien ce que veut nous dire l’auteur, mais on devine par l’unilatéralité de son point de vue narratif qu’il prend plus parti pour les bédouins en rébellion victimes quasi innocentes de la violence impérialiste.

Le cas Lalla, sensé décrire le parcours d’une immigrée arrivant « pure » en France et côtoyant toute la misère, la violence et la crasse des autres travailleurs pourrait sembler à priori plus intéressant si ce n’est que la dernière partie invraisemblable faisant subitement d’une femme de chambre marocaine illettrée une star de la mode avant que celle ci une foi arrivée au sommet « parisien » ne renonce brutalement à ce petit bout de paradis pour retourner à son point d’origine, sape à vrai dire toute la crédibilité de l’entreprise.

Malgré ses grandes qualités esthétiques et stylistiques, ce « Désert » incapable de sortir des sentiers battus ne m’aura pas apporté grand chose sur son contenu.

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