L'école de la chair (Yukio Mishima)

 



Récemment j’ai décidé de pousser plus en avant la découverte de cet immense écrivain qu’est Yukio Mishima.

Voici donc « L’ école de la chair » qu’il publia en 1964.

L’histoire relate l’étrange passion de Taéko Asano, belle japonaise divorcée d’age mur pour Senkitichi, un jeune barman d’un établissement homosexuel dans le Tokyo des années 60.

Propriétaire d’un magasin de haute couture, Taéko est très émancipée pour une femme de son époque, elle fréquente les milieux de la mode, les politiciens et les riches occidentaux présents au Japon après la seconde guerre mondiale.

Elle constitue avec ses amies Suzuko et Nobuko un petit groupe de trois femmes mures libérées, les beautés de Toshima, qui fréquente les lieux mondains de la classe aisée de Tokyo.

Bien entendu les conversations tournent souvent autour des hommes, et c’est presque par jeu que Taéko se rend dans un bar homosexuel pour rencontrer Senkitichi un jeune garçon gigolo à ses heures perdues dont la beauté lui a été vantée par ses amies.

Taéko tombe sous le charme de ce jeune homme à la beauté virile, au charme sauvage et à l’assurance brutale des mauvais garçons.

Très vite malgré la différence de classe sociale, une étrange et une intense passion se noue entre les deux amants.

Taéko est obsédée par Senkitichi qui la rend folle avec son tempérament imprévisible, lunatique et farouchement indépendant.

Jalouse et possessive, elle s’aperçoit vite qu’elle ne peut vivre sans lui et décide de le « racheter » à son patron pour lui faire reprendre le droit chemin, celui des études, de l’université qui mène vers une vie plus facile plus normale et surtout ou elle espère plus le contrôler.

Taéko installe Senkitichi chez elle mais ceci n’est malgré tout pas suffisant pour dompter le jeune homme qui mène une vie toujours aussi indépendante et mystérieuse.

Le tournant du livre s’effectue quand Taéko découvre que Senkitichi fréquente en vue d’un mariage une fille de bonne famille, dont la mère est une de ses clientes.

Alors que blessée, Taéko semble habitée par de sombres envies de chantage voir de vengeance pour continuer à jouir de son amant, un brusque revirement s’opère prenant à contre pied le lecteur.

En conclusion « L’école de la chair » est un nouveau chef d’œuvre de Mishima, un délicieux récit d’une passion hors des conventions sociales que rien ne semble pouvoir raisonner ou apaiser.

L’écrivain décrit à la perfection les mécanismes mentaux qui peuvent conduire à la dépendance amoureuse, à braver tous les interdits et à accomplir des actes insensés.

Pourtant alors qu’on pense se diriger vers une issue destructrice, dramatique qui serait finalement assez classique, Mishima parvient à surprendre en donnant à Taéko les clés de son salut et l’accession à un nouveau niveau de conscience d’elle même, niveau obtenu grâce à son passage par cette « école de la chair ».

Ce merveilleux roman empreint du style élégant, sensuel, érotique et poétique habituel du génial écrivain japonais comblera de plaisir par sa vibrante intelligence quiconque s’est déjà trouvé happé dans une situation de passion amoureuse étant entendu qu'il est clair que pour moi Taéko et Mishima sont la même personne…

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