Nouveaux contes de la folie ordinaire (Charles Bukowski)

 


Retour à Charles Bukowski pour les « Nouveaux contes de la folie ordinaire ».

Le principe est analogue à  celui de « Au sud de nulle part », l’écrivain raconte de courtes nouvelles largement autobiographiques.

Dés la première d’entre elles « La sirène baiseuse de Venice, Californie » Bukowski démarre sur les chapeaux de roues avec l’histoire de deux types éméchés dérobant le cadavre d’une belle jeune femme à la morgue pour lui faire l’amour puis la déposer dans l’océan.

Provocation, violation des tabous, des règles imposées mais aussi grande verve poétique et style très plaisant parsèmeront ce livre explosif.

Au travers de ce recueil, Bukowski raconte son profond nihilisme, son mal être, son dégoût du travail déshumanisant, de la société , des hommes.

Pour tenir le coup  dans ce monde sur lequel il se meurtrit, il y a la picole, des quantités astronomiques de bières et de whisky ingurgitées et également le sexe avec des femmes elles aussi amochées par la vie, ramassées dans les bars.

Bukowski se dénigre beaucoup dans ce livre, il se décrit souvent comme un pauvre vieux type ivrogne, obsédé sexuel, malade voir fou.

Plus surprenant il dénigre également les artistes, les écrivains et tout particulièrement les poètes s’incluant également dans le lot des ratés.

On le sent également très mal à l’aise avec un succès qu’il estime ne pas mériter et qui pourtant lui permet de toucher des gens d’un haut niveau social et intellectuel.

Les nombreuses nouvelles sur sa passion pour les courses hippiques ou pour la boxe m’ont moins passionnées en revanche j’ai été suffoqué par la violence de certaines histoires parlant de viol, du meurtre d’un acteur homosexuel, de pédophilie ou bien de problèmes de constipation.

Bukowski se permettait tout, il tirait à bout portant sur tout ce qui bougeait.

Le livre outre ses délires trash du reste formidablement bien écrits, contient de puissantes charges contre le mouvement hippie, le gouvernement américain des années 60 et tout simplement le terrible renoncement des gens devant le système tel que décrit dans « La machine à essorer les tripes » sans doute la nouvelle la plus réussie.

Par instant surgit fugitivement la très grande sensibilité et tendresse de l’auteur comme dans « Une charmante histoire d’amour » ou il finit par quitter sans raison apparente Marie, une femme avec qui il se sentait bien ou bien dans « Pour Walter Lowenfels » ou en filigrane apparaît son amour pour sa fille.

La maladie, l’angoisse, la peur de la mort sont également des thèmes forts abordés dans la nouvelle « Vie et mort des pauvres à l’hosto » terrifiant de réalisme ou « La couverture » délire paranoïaque autour d’une couverture devenue menaçante dans l’esprit dérangé de l’auteur.

On a globalement beaucoup de plaisir à lire les « Nouveaux contes de la folie ordinaire » .

Bukoswki y imprime son style vif, âpre, tourmenté, charnel, avec ses personnages hors normes tour à tour violents, touchants, désespérants ou amusants.

J’aime le coté rebelle, provocateur et lucide de Bukowski mais je pense que cet écrivain était trop intelligent et sensible pour être heureux dans le monde des hommes.

Sans doute déçu par la petitesse de ces semblables et incapable de se satisfaire d’une réalité qui le blessait, Bukowski s’est enfoncé dans une spirale d’auto destruction.

Bukowski est pour moi un grand écrivain qui écrivait avec ses tripes, mais son œuvre reste à mes yeux trop sombre et douloureuse pour être tout à fait plaisante.

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