Les Cosaques (Léon Tolstoï)

 



Première incursion dans la littérature russe (la « grande » littérature ? ) avec « Les Cosaques » de Léon Tolstoï.

Ce livre traite du périple d’Olénine, un jeune homme appartenant à la noblesse fortunée moscovite qui s’engage dans les années 1850, comme officier dans l’armée russe pour être envoyé dans le Caucase afin d’asseoir la domination russe sur la région.

Le jeune officier fait la connaissance des détachement cosaques, ces militaires russes établis sur place qui ont la mainmise sur cette région sauvage, rurale, montagneuse.

Les Cosaques sont chargés de tenir des couloirs, des places fortes et d’écraser la rébellion des Abreks, c’est à dire des montagnards essentiellement Tchétchènes vivant de l’autre coté du fleuve Terek.

Olénine, qui vivait dans le luxe et l’oisiveté des cercles mondains de Moscou, découvre donc une vie à mille lieues de celle du citadin qu’il était.

Il est fasciné, charmé par la beauté sauvages des paysages, par les mœurs rudes des Cosaques, considérés par les Russes comme des êtres grossiers et primitifs.

Olénine rencontre Erochka, un vieux cosaque gouailleur, conteur, chasseur émérite, amateur de femmes, de vins et de bonne chaire, qui lui devient son mentor et son passeur entre les deux cultures.

Olénine occupe le plus clair de son temps libre à chasser avec ou sans Erochka, à explorer la Nature sous toute ses formes.

Il éprouve une sorte de révélation pour ce bonheur primitif, sauvage et rejette en bloc toute envie de civilisation ou de mondanité.

Mais rapidement ce renoncement presque ascétique se trouve troublé par le beauté d’une jeune femme cosaque répondant au nom de Marion.

Marion est la fille du logeur d’Olénine, un sous lieutenant cosaque.

Marion est également promise à Lucas, un soldat cosaque qui bien que pauvre est considéré comme un héros local en raison de ses exploits face aux Tchétchènes.

Olénine devient vite obsédé par Marion et souffre d’un déchirement intense car cet amour lui semble impossible.

On comprend que pour Olénine qui n’a jamais éprouvé l’amour véritable, cette « première fois » est un traumatisme majeur et une grande source de tourment.

Le roman se termine en une sorte de jeu d’échec à trois autour de Marion.

Qui choisira t elle entre le viril mais simple Lucas et le riche mais étranger Olénine ?

Bien entendu comme il s’agit d’un roman russe, la tragédie arrivera.

« Les Cosaques » a été pour moi une découverte charmante.

Il ne s’agit pas d’un roman de guerre à proprement parler, à peine plus d’un roman d’aventure mais plutôt d’un parcours initiatique d’un jeune homme déchiré intérieurement, en quête d’apaisement et de pureté.

Cet apaisement il pense le trouver dans le renoncement,  le retour à une vie ascétique, simple, proche de la nature comme le prônent certains philosophes grecs depuis fort longtemps, mais finalement l’amour lui apparaît comme une force supérieure digne de transcender son existence même si on peut penser que cette Marion à la beauté simple et virginale n’est finalement que l’incarnation humaine de cet idéal de pureté naturelle.

Pourtant le bonheur et l’équilibre ne sont jamais atteints, puisque Olénine malgré tous ses efforts ne parvient pas à se détacher totalement de ses liens avec la sophistication des officiers russes et n’est pas non plus accepté au sein de la population cosaque qui se méfie de ce officier étranger au comportement atypique.

Malgré cette quête inaboutie, le roman est une belle description du mode de vie de ces hommes rudes ayant fascinés l’écrivain.

Tolstoï se montre d’ailleurs étonnamment virulent contre ces compatriotes  russes qu’il semble accuser de tous les maux comparés aux « bons sauvages » cosaques.

Quand aux Tchétchènes bien qu’entre aperçus on comprend vite que leur mode de vie montagnard proche de celui des Cosaque les rend plus sympathiques et proches d’Olénine que les Russes eux mêmes.

« Les Cosaques » est donc un livre complexe, riche et intéressant à découvrir pour qui s’intéresse à une époque, une région donnée mais également à l’étrange fascination que peut ressentir un jeune soldat soumis au contact prolongé avec des populations quasi étrangères.

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