Le loup des mers (Jack London)

 



Littérature maritime toujours avec «  Le loup des mers » de Jack London.

On connaît tous l’auteur des immortels  « Croc-Blanc » ou « L’appel de la foret » on sait moins que London avait écrit des romans traitant de socialisme ou du monde maritime.

Ecrit au début du XX iéme siècle (1904) , « Le loup des mers » raconte l’histoire de Humphrey Van Weyden, intellectuel américain, gentleman, recueilli à la suite d’un malencontreux naufrage par une goélette nommée le Fantôme, faisant route vers l’Alaska pour chasser le phoque.

Le capitaine du Fantôme, une force de la nature nommée Loup Larsen, s’avère vite un personnage fascinant, à la fois tyrannique, sauvage mais également brillant intellectuellement.

Sa violence est telle qu’il devient rapidement hai par son équipage, que seule sa force hors du commun et sa terrible autorité tiennent en respect.

Enrôlé contre son gré, le jeune et fragile Humphrey aux manières délicates, se retrouve propulsé aide cuisinier dans le monde brutal et sauvage des matelots et des chasseurs de phoques.

Il devient le souffre douleur du cuisinier nommé le Coq, homme médiocre mais redoutablement vicieux.

Le jeune homme souffre mille tourments, se trouvant meurtri dans sa chair ainsi que dans ses considérations morales par la vie rude et sans pitié des chasseurs mais finit contre toute attente par s’endurcir, à se viriliser au fur et à mesure que son périple continue.

Mais Humphrey est fasciné par le personnage de Larsen avec qui il discute philosophie et littérature.

Larsen a une conception toute Nietzschéenne de la vie : la vie est une lutte sans pitié, le fort mange le faible, la morale n’existe pas, la vie prolifère et grouille dans un désordre chaotique puis se termine sans que cela n’affecte en rien l’équilibre naturel global.

Humphrey tente de raisonner, de s’opposer à cette vision individualiste, matérialiste  de l’existence en lui opposant des valeurs comme le sens moral, l’altruisme mais Larsen en plus d’être un théoricien possède un redoutable esprit pratique et ne manque pas une occasion de réduire à néant les arguments de son passager.

La tension et la violence culminent lorsque Larsen profite d’une tempête pour faire mourir deux matelots qui avaient tenté de l’assassiner, ou quand le Coq se fait mutiler par un requin après un jeu cruel.

Le récit prend un tour plus doux quand le Fantôme recueille Maud Brewster, une jeune poétesse dont Humphrey en manque affectif tombe rapidement amoureux.

Mu par un nouveau courage, Humphrey va puiser en lui des forces insoupçonnées et réussir une évasion audacieuse avec sa belle qui les emmènera jusque sur une île perdue au Nord du Japon.

La fin du roman, assez étrange, marque la lente déchéance de Larsen, tel un indomptable animal sauvage peu à peu miné par une tumeur au cerveau.

Inspiré de l’expérience personnelle du jeune London qui embarqua lui même sur un chasseur de phoques, « Le loups des mers » est avant tout un passionnant roman d’aventures, terriblement âpre et violent, sur la nécessaire adaptation d’un être humain civilisé pour survivre dans un milieu hostile.

Le deuxième niveau de lecture du livre, plus philosophique propose une critique des idées de Nietzsche qui ont longtemps fascinées l’auteur car Loup Larsen, surhomme d’origine scandinave représente en réalité l’incarnation vivante de la puissance des théories du philosophe allemand.

Assez étrangement même si Larsen finit mal, esseulé et affaibli, on sent le respect et la fascination de London pour le vieux capitaine demeurer.

Une œuvre en tout cas d’une puissance inouïe.

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