Le Frère-de-la-Côte (Joseph Conrad)

 



« Le Frère-de-la-Côte  » est mon premier Joseph Conrad.

Cela faisait pourtant longtemps que j’avais envie de m’initier à cet immense auteur et le choix de ce roman relève du hasard le plus fortuit.

L’histoire se déroule à Toulon pendant une période troublée et sanglante s’étalant de la Convention au Premier empire de Bonaparte aux alentours de 1800 donc.

Durant cette période les Anglais demeurent extrêmement menaçants dans le domaine maritime et exercent toujours une pression importante sur le port militaire de Toulon.

Le héros du roman est un vieux marin du nom de Michel Peyrol, ex flibustier, écumeur des mers appartenant à la fraternité des Fréres-de-la-Cote,  rallié à la Marine française au fil des évènements ayant amenés la France à la République puis au Premier Empire.

Peyrol après une vie d’aventure en mer se sent usé, fatigué.

Il revient dans sa région natale pour y mener une petite vie tranquille de terrien à l’aide d’un trésor qu’il a amassé au cours de ses anciennes rapines.

Peyrol s’établit dans une ferme ou ses logeurs s’avèrent quelque peu excentriques, Catherine une vielle fille aigrie, Arlette une jeune fille séduisante mais troublée par le massacre de ses parents et Scevola un ancien « sans culotte »  fanatique ayant participé aux massacres des habitants ayant pactisé avec les Anglais lors du blocus du port en 1793.

Mais la quiétude de Peyrol est troublée par l’arrivée subite à la ferme d’un jeune officier de la Marine française répondant au nom de Real.

Avec le temps, Peyrol apprend que cet officier est en service commandé et chargé d’une mission à hauts risques consistant à divulguer des lettres contenant de fausses informations aux Anglais patrouillant dans le secteur.

Tout oppose Real jeune homme austère, rigide, torturé, patriote à l’excès et Peyrol vieux marin méfiant, cynique et lassé de grandes entreprises, pourtant les circonstances les amèneront à collaborer pour réaliser la mission de l’officier.

« Le Frère de la Côte » n’est pas uniquement roman d’aventure mais un roman qui analyse en profondeur la psychologie des personnages et qui recèle de nombreuses surprises.

Le dénouement final est terriblement émouvant avec le vieux marin qui reprend du courage et se sacrifie pour une dernière aventure permettant au jeune officier de vivre son amour avec la jeune paysanne.

Je l’ai appris plus tard, ce livre est le dernier achevé par Conrad.

Il y a donc beaucoup de lui dans le personnage vieillissant de Peyrol.

Pas de mélancolie trop prononcée mais une lassitude, l’envie d’un retour aux racines terrestres et natales mais en même temps la noblesse des sentiments, la générosité, le sacrifice pour une cause et l’appel de la mer, de l’aventure demeurant toujours vivace malgré le poids des années.

Ce roman est donc touchant, en revanche je pense qu’il n’est pas bon de commencer l’œuvre d’un auteur par son dernier livre, en effet avec Conrad je m’attendais à trouver plus de dynamisme, d’exotisme dans ses pages et ai été quelque peu déçu de ne pas trouver cela, la totalité de l’intrigue consistant à une attente dans la campagne toulonnaise.

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