Un justicier dans la ville (Michael Winner)


 

Même mort en 2003, Charles Bronson demeure une icône du cinéma et échut d’une image de dur à cuir réactionnaire après « Un justicier dans la ville » de Michael Winner.

Sorti en 1974, d’après un livre de Brian Garfield (Death wish), « Un justicier dans la ville » raconte la dérive d’un architecte appelé Paul Kersey (Charles Bronson) après que sa famille fraichement arrivée à New-York ait été sauvagement agressée par trois voyous dont un d’entre eux est joué par Jeff Goldblum alors acteur débutant.

Au cours de l’agression, sa femme Joanna (Hope Lange) est battue à mort, tandis que sa fille Carol (Kathleen Tolan) est gravement traumatisée après avoir subie un viol.

Kersey apprend de manière brutale et douloureuse le décès de sa femme à l’hôpital et se trouve alors considérablement ébranlé par ce choc.

Après avoir constaté l’impuissance de la police à retrouver les criminels, il accepte pour se changer les idées de se rendre pendant quelques jours en Arizona pour affaires.

Sur place, il est frappé par un spectacle de cow-boy ou le shérif liquide les malfrats sans faire de pitié et l’idée de répondre à la violence urbaine de New-York par la violence germe peu à peu dans son esprit.

De retour à New-York, Kersey sort un pistolet qu’il a en sa possession depuis la guerre de Corée et continue d’échafauder des plans.

Il passe finalement à l’acte en se promenant en pleine nuit à Central Park, cherchant visiblement à se faire agresser par les rôdeurs nocturnes.

Kersey tue son agresseur et s’enfuit dans la nuit hivernale.

La police arrive sur les lieux et se met à enquêter via le détective Frank Ochoa (Vincent Gardenia) sur une série de meurtres nocturnes commis par un homme solitaire tuant au hasard des voyous.

Car en effet, Kersey s’enhardit, allant même à tuer en pleine rue ou dans le métro, au risque d’être identifié.

Les victimes de justicier s’amoncellent et un phénomène social s’empare alors des habitants de New-York, qui usent eux même d’auto défense pour répondre aux multiples agressions de la ville.

Kersey est finalement identifié par Ochoa mais ne peut se résoudre à interrompre sa quête de vengeance sans fin.

Après une ultime fusillade nocturne à Central Park, Kersey est blessé à l’épaule.

Rattrapé par la police, il obtient finalement une curieuse grâce de Ochoa en échange d’une ferme injonction à changer de ville.

Kersey obéit et se retrouve donc à Chicago, ou il fait comprendre assez vite qu’il n’est pas prêt à renoncer à sa quête personnelle de vengeance.

En conclusion, malgré son coté ultra violent et controversé, « Un justicier dans la ville » est un très bon film d’action épuré, proposant un rôle en or à Charles Bronson déjà quinquagénaire.

Il est ici parfait en père de famille libéral progressiste adepte de non violence, basculant à la suite d’un drame personnel dans une sorte de spirale infernale de vengeance aveugle.

Cette violence est ici justifiée par le drame personnel et la violence de la ville elle-même, New York qui jusqu’à l’intervention musclée du maire Rudolph Giulani, fut pendant longtemps un ville dangereuse ou certains quartiers étaient très dangereux.

Bien entendu, elle n’a pour moi aucune légitimité et constitue davantage la dérive d’un homme perdu, même si le film semble en réalité la généraliser et la normaliser.

Il aurait sans doute fallu vivre dans le New-York des années 70 pour se faire sa propre opinion.

Sur la forme, « Un justicier dans la ville » est rythmé, intense et  bénéficie d’une ambiance urbaine menaçante ultra réaliste et de l’excellente bande son de Herbie Hancock.

Il est toutefois forcément déconseillé au jeune public et aux âmes sensibles, en raison de la violence de sa première scène, devenue culte en raison du réalisme affreux de l’agression gratuite contre deux femmes revenant du shopping.

Le film eut un tel succès que quatre suites lui emboitèrent le pas, fournissant à Bronson une rente confortable jusqu’au milieu des années 90.

Commentaires