Le Brésil, pays émergé (Hervé Théry)

 



Sorti en 2016, « Le Brésil, pays émergé » est un ouvrage du géographe (de formation) et chercheur au CNRS Hervé Théry qui a noué une relation professionnelle et personnelle avec ce pays depuis plusieurs décennies.

Au travers de huit chapitres, l'auteur propose une analyse originale des forces et faiblesses du Brésil d'un point de vue géopolitique.

Le premier qui peut servir d'introduction rappelle l'Histoire en accélérée du Brésil, depuis sa découverte par le Portugal en 1500, les premières vagues de « colons », les négociations habiles des Portugais avec les Espagnol pour bénéficier de règles floues permettant une expansion du territoire jusqu'à arriver à une structuration progressive sous l'influence de forces politiques, économiques et militaires.

Puis on passe à la composition interne, montrant un pays de contrastes entre le Sud, locomotive économique et un Nord toujours pauvre, les différentes classes sociales, entre les « très riches » affichant un luxe tapageurs et les très pauvres soutenus cependant par les politiques d'aides sociales comme « Fome zero » ou » Bolsa familia » de Lula aux résultats certains.

Malgré ce grand écart social, la classe moyenne continue se développer principalement dans les grandes villes.

Du coté des atouts indéniables : l'autosuffisance énergétique du Brésil en raison de ses formidables ressources naturelles (pétrole, éthanol, hydroélectricité) avec un potentiel encore non complétement exploité en raison de l'immensité du pays.

Si le Brésil dispose d'infrastructures ferroviaires insuffisantes pour un pays de cette dimension, l'avion démocratisé prend des parts de marché au réseau routier pour les longs trajets, jusque là assurés par des services de bus.

Le chapitre 4 vient tempérer cet enthousiasme en mettant en avant les problèmes d'insécurité chroniques en prenant en exemple la gestion des favelas « pacifiés » par la police et l'armée avant les grands évènements internationaux organisés par le Brésil ainsi que ceux du travail forcé.

Puis on passe aux relations extérieures, mélange de dépendance du Brésil vis-à-vis des pays industrialisés à qui il exporte des produits agricoles et importe des produits technologiques à hautes valeurs ajoutés, mais également de domination vis-à-vis de ses voisins d'Amérique du Sud, voir des tentatives de « soft power » vers les pays africains sans avoir l'impact de la Chine.

Lula, grand chantre de cette politique offensive visant à offrit plus d'indépendance du Brésil en adhérant aux BRICS, en développant des coopérations avec les pays Africains ou une relation privilégiée (défense, scientifique) avec la France.

Le Brésil par ses sportifs (footballeurs) et sa musique (samba, bossa nova) a également une indéniable influence culturelle mondiale.

Dans le domaine industriels sont cités les champions nationaux : Petrobras (Pétrole), Embraer (aéronautique), Vale (mines), Itau (banque), JBS, Inbev (alimentaire), et même Havainas (tongs) afin un ultime bilan des années Lula-Dilma.

En conclusion, « Le Brésil, pays émergé » est un ouvrage d'une richesse exceptionnelle si l'on considère sa taille relativement modeste.

Les analyses développées sont à la fois concises, précises et profondes. On en retient le statut intermédiaire du Brésil, encore sous le joug économique des puissance de premier plan auprès desquels il entretient un complexe rapport de fascination et de critique, mais capable compte-tenu de ses atouts de pays-continent de peser au niveau mondial sur toute l'Amérique du Sud voir une partie de l'Afrique, lusophone ou non.

Doté d'énormes richesses naturelles, de grands espaces fertiles favorisant l'agriculture et l'élevage, ainsi que de quelques poids lourds industriels dans des secteurs de pointe, le Brésil est encore entravé dans son développement par la corruption, les inégalités (Nord/Sud, Blancs/Noirs, Pauvres/Riches) source de problèmes endémiques (insécurité, urbanisme, transport).

Enfin cet ouvrage se montre plutot favorable à Lula doté d'une vision stratégique internationale que visiblement Roussef était loin d'égaler.

Un constat optimiste à revoir à la baisse avec les années de Bolsnaro marquées par une crise sanitaire puis économique qui ont indéniablement fait reculer le Brésil de plusieurs années.

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