Méditations métaphysiques (René Descartes)

 



Les « Méditations métaphysiques » de René Descartes peuvent être considérées comme le prolongement logique des idées esquissées dans le « Discours de la méthode ».

En effet, en six parties, le savant français reprend et approfondit  de manière détaillée les fondements de sa philosophie en veillant à leur démonstration rigoureuse.

Après une introduction mettant en évidence le poids des préjugés et surtout des anciennes doctrines, Descartes fait part du peu de certitudes qu’offre un monde perpétuellement rongé par le doute.

Ainsi lorsque nous rêvons nous croyons à la réalité mais nous nous trompons.

Et même lorsque nous sommes éveillés nos sens nous abusent,  comment dans ces conditions nous assurer de la réalité de notre existence ?

La réponse intervient dans le livre deuxième, ou le fait de définir l’homme comme un être pensant suffit à justifier de son existence réelle.

L’homme n’a donc pas d’autre choix que de se fier à son esprit qui le guide tel un phare dans la nuit la plus obscure au milieux des écueils trompeurs masqués par les sens.

Mais comment alors nous assurer de la connaissance juste de nos pensées ?

Descartes répond à cette difficulté en introduisant la notion de Dieu, qui lui seul par son infinité et sa perfection est amène de nous inculquer la notion du vrai.

Même en ayant crée imparfait, l’homme a cependant en lui des notions de perfection.

Éminent spécialiste des mathématiques, Descartes utilise souvent comme exemple les formes géométriques pures créations abstraites qui viennent se former en nous de manière indépendante de toute réalité corporelle.

Dieu étant par essence parfait ne peut tromper les hommes cependant ceux ci se trompent quand leur esprit par essence fini désire par l’intermédiaire de la volonté outrepasser ses propres limites et tendre vers des choses qui le dépassent.

Dans le livre cinquième, Descartes s’interroge sur les choses matérielles qui sont pour lui mesurables par leurs caractéristiques physiques perceptibles par les sens.

Mais leur connaissance certaine ne peut se passer de Dieu qui met dans notre esprit les réalités formelles indispensables à leur appréhension.

Le dernier livre fait le distinction entre les réalités souvent trompeuses mesurables par les sens et celles parfaites de l’esprit.

Bien que supérieure au corps, l’âme lui est cependant reliée et le gouverne à la manière d’un pilote gouvernant son navire.

Pour sortir donc du doute permanent et de l’erreur, l’homme doit donc se méfier de ses sens ou de son imagination et se fier au jugement de son esprit gouverné par les notions que lui a inculquées Dieu.

L’autre partie des plus imposantes à ces « Méditations métaphysiques » consiste dans les sept séries d’objections qui ont été adressées par  les théologiens et les autres philosophes auxquels Descartes toujours soucieux de consolider ses positions novatrices a soumis son manuscrit.

Les premières d’entre elles écrites par  un prêtre flamand du nom de Caterus attaquent principalement Descartes sur la notion de cause objective, Dieu n’ayant pas besoin de cause pour justifier son existence et diffuser ses idées aux hommes.

Tout en respectant ce premier adversaire, Descartes défend longuement et fermement son point de vue sur la nécessité de production de causes comme artifice pour la formation des idées dans l’esprit humain et sur le fait que Dieu est la cause de lui même.

Les secondes objections issues de son ami le père Mersenne regroupent les avis de plusieurs théologiens et philosophes qui attaquent en sept points Descartes en contestant quasiment chacune des grandes idées développées dans ses méditations.

Contestation du rôle minoritaire du corps par rapport à l’esprit, de la nécessité de l’existence d’un être parfait et infini pour nous guider sans jamais nous tromper, reproche sur l’absence d’immortalité de l’âme sont les principales et difficiles objections auxquelles Descartes répond point à point sans jamais se départir de ses capacités à argumenter.

Accédant à une requête du groupement des philosophes, Descartes accepte de démontrer par la voie synthétique à la manière des géomètres les raisons qui prouvent l’existence de Dieu et la distinction entre le corps et l’esprit.

Pour ceci il fait usage de définitions, d’hypothèses et d’axiomes sur lesquels il vient appuyer ses démonstrations.

Mais les plus célèbres des objections proviennent du philosophe anglais Hobbes grand ennemi de Descartes qui est convaincu de la nature corporelle de l’esprit et rejette l’idée de substance spirituelle proposée par Descartes.

Hobbes conteste l’idée de Dieu et de l’âme en l’homme ainsi que la théorie des animaux machines en leur attribuant la faculté de penser.

On sent Descartes se raidir devant la violence des assauts du philosophe anglais et les échanges virer à l’aigre entre les deux hommes aux idées diamétralement opposées.

Descartes répond ensuite aux quatrièmes longues et subtiles objections issues du théologien Arnauld puis à celles du philosophe Pierre Gassendi qui reproche à Descartes de combattre les préjugés pour retomber dans un autre préjugé, d’accorder trop de place au doute et qui conteste le caractère universel de l’idée de perfection divine en l’homme.

Descartes se trouve ensuite agacé par les sixièmes objections issues de philosophes et théologiens divers qui utilisent des passage des Écritures pour essayer de le mettre en difficulté.

Sa réponse au père Bourdin, auteur des septièmes objections est cinglante puisqu’il use de la comparaison entre un architecte creusant profondément pour bâtir de solides fondations et un maçon médiocre et malhonnête médisant sur son travail.

En conclusion, plus encore que le « Discours de la méthode », les«  Méditations métaphysiques » de Descartes constituent les fondements de la philosophie cartésienne.

L’ouvrage est certes difficile d’accès mais révèle toute l’exhaustivité d’une pensée alliant ferveur religieuse et obsession maladive d’une application minutieuse des méthodes mathématiques pour  démontrer de manière irréfutable la véracité de ses positions.

Philosophe de l’esprit, de l’abstraction mathématique, ambitionnant de décrire totalement le monde par un système de causes et d’effets, Descartes incarne bien pour moi la puissance de la pensée occidentale nourries de sciences.

D’un point de vue de profane ne maitrisant pas tout les subtilités de la rhétorique, la longue série d’objections et de réponses (près de quatre fois la taille du traité original !) a parfois été difficile et fastidieuse à décrypter et n’a recelé ses lumières (partielles) qu’après de longues lectures parfois laborieuses.

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