World painted blood (Slayer)

 



Après un « Christ illusion » marquant le retour du batteur Dave Lombardo et une revitalisation inespérée à sa musique, Slayer réédite la formule en 2009 avec « World painted blood » à la pochette pour une fois bien sobre.

Cette vision du monde peinturlurée de sang débute avec « World painted blood » , du Slayer rapide, méchant et intense.

La voix de Tom Araya cingle toujours l’air dans des couplets assassins, les riffs de la paire Hanneman/King assurent la dynamique, un léger ralentissement central vient faire office d’armistice avant de relancer l’intraitable machine de guerre.

Pour efficace qu’il soit, il manque néanmoins à ce titre d’ouverture un refrain fédérateur pour obtenir le titre grand classique qu’il aurait pu revendiquer.

Slayer croit en violence avec « Unit 731 » , ode à une unité japonaise secrète ayant réalisé pendant la seconde guerre mondiale des expériences de torture dignes des nazi sur des prisonniers de guerre chinois, russes et américains.

On a ici affaire à un ouragan de métal gavé de haine, bastonnant à tout va sa rage aveugle et un brin désordonnée.

Toujours décoiffant, le groupe bascule dans ses vieilles obsessions pour le meurtre et la torture sur « Snuff » dont la violence judicieusement canalisée autour de refrains scandés fait ici très mal.

Titre plus complexe et déroutant, « Beauty through order » instaure une première partie en forme de faux rythme malsain avant de relâcher à nouveau les chevaux pour de folles cavalcades.

On poursuit avec le ventre mou du disque (non je ne parle pas de la surcharge pondérale de Kerry King) mais des médiocres, besogneux et peu inspirés « Hate worldwide »  et « Public display of dismembrement » dont la surenchère de violence pousse jusqu’à l’écœurement.

Plus lent et saccadé, « Human strain » tient la route sans forcer et ce malgré un break à la limite du ridicule tandis que par son approche moins frontale et son atmosphère plus originale « Americon » apporte une petite touche d’originalité bienvenue dans ce monde de brutes tatouées.

Retour à l’extrême old school avec « Psychopathy red » dont la violence indigeste ultra condensée rappelle la sauvagerie d’un titre de « Reign in blood ».

Vient ensuite la première vraie tentative de relative variation mélodique avec « Playing with dolls » , sa voix claire, son tempo lent et torturé venant télescoper les habituels passages plus traditionnels de thrash.

Aimant toujours les mélange entre violence et mélodie, je considère « Playing with dolls » comme le titre le plus réussi du disque.

On termine avec « Not of this god » très peu inventif qui canonne à tout va avant de curieusement s’engluer dans un break raté pour remettre les gaz dans la dernière ligne droite.

En conclusion, pour son onzième album, rien de nouveau dans le monde des tueurs en série, des criminels de guerre et autre perturbés en tout genre, Slayer si il ne tente pas grand chose coté innovation, ne baisse pas le pied et délivre toujours un thrash abrasif, excessivement violent et sans concession.

L’agressivité présente sur ce disque surprend il est vrai, tant on aurait pu penser qu’à leurs ages avancés, les vétérans du thrash américain pourraient se permettre de lever le pied et de s’orienter vers une musique plus contrastée présentant plus de variété.

Il n’en est finalement rien.

Avec le retour de son batteur légendaire, Slayer semble vouloir prendre un malin plaisir à tenir la dragée haute aux petits jeunes en déployant un niveau de puissance brute toujours absolument terrassant.

Le résultat est donc un « World painted blood » beaucoup plus agressif, linéaire et bourrin que « Christ illusion ».

Bien entendu, le contrat est rempli, et le disque risque fort de remporter un franc succès auprès des fans les plus « purs et durs »,  pourtant j’ai pour ma part été quelque fois saturé par ce déferlement continu de violence et par le manque d’originalité de certains titres.

Toujours est il qu’après plus de vingt cinq ans de carrière, Slayer tient toujours debout et fermement sur ses vieilles jambes.

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