Blue (Joël Houssin)

Joël Houssin toujours avec l’œuvre d’anticipation « Blue » sortie en 1982.
Ce qui auront aimé « Argentine » ne seront pas dépaysés par ce roman singulier décrivant dans un futur indéterminé une ville ou les habitants vivent enfermés par un immense Mur défendu par de simiesques gardiens muets et télépathes appelés les Néons.
Dans cette ville ravagée, la civilisation a violemment régressée jusqu’à atteindre un haut niveau de barbarie.
Plusieurs bandes se partagent les différents secteurs de la ville, les Skins marqués par leur jeunesse et leur insolence, les Youves arrogants et surarmés, les Musuls autrefois les plus puissants et les plus organisés, les Bouleurs aux implants de métal fichés dans le front, les Saignants adeptes des armes blanches et enfin les Patineurs rapides tueurs juchés sur des roulettes en acier.
Tout-Gris  le héros-narrateur est un home mur qui appartient à ce dernier gang commandé par le chef charismatique Blue.
Plus intelligent que la moyenne, Blue a des ambitions et désire conclure des alliances avec les autres bandes pour franchir le Mur et découvrir ce qu’il y a derrière.
Mais il lui est difficile de pacifier les relations très violentes entre les autres clans qui se livrent souvent une guerre sans merci pour par exemple la possession de la nourriture, livrée par les Krishies, mystérieux membres d’une secte d’illuminés pacifistes acceptant de mourir sans état d’âme.
A ces tensions internes s’ajoute le présence des Errants, tueurs solitaires semant le chaos en assassinant ponctuellement du haut des toits à l’aide de fusil lasers.
Pourtant Blue parvient à convaincre la Lame, le chef de Saignants de coopérer avec lui.
Malade, la Lame désire avant de mourir tenter lui aussi de passer.
Pour l’assister à convaincre les autres chefs, Blue fait appel à Tout-Gris, qu’il considère comme son bras droit.
Malgré le fait que la Lame ait assassiné sa propre mère, Tout-Gris est contraint de suivre son chef et se retrouve un peu malgré lui embarqué dans une aventure qui le dépasse passablement.
La réunion des chefs de clans a lieu et tous tombent d’accord pour mélanger leurs forces pour créer quatre groupes de combattants attaquant séparément le Mur afin de désorienter les Néons.
Seul le dernier groupe composé des chefs et des plus valeureux guerriers aura une chance de passer, les autres étant considérés comme sacrifiés.
L’assemblée échappe de justesse à un attentat perpétré par un Errant déguisé en Krishie et doit se passer de la coopération des Musuls qui restent à l’écart et espionnent à distance les préparatifs.
L’attaque a finalement eu lieu et Houssin décrit un déchaînement de violence entre les mystérieux Néons, télépathes armés de lance lasers et les innombrables hordes de voyous plus ou moins organisées.
Après de nombreuses heures de lutte acharnée, Tout-Gris, Blue et la Lame parviennent enfin à passer le Mur.
Revanchard Tout-Gris assassine la Lame avant qu’il ne puisse jouir du spectacle.
Il décrit ensuite ce qu’il voit à Blue qui a eu les yeux brûlés au cours du combat.
Tout-Gris comprend alors toute l’inutilité de leur révolte et le rôle des Néons, innombrables fossoyeurs d’une humanité réduite à néant.
En conclusion, « Blue » est lui aussi un livre dur, intense même si sans doute moins violent et désespéré que « Argentine ».
Houssin immerge ici le lecteur dans un univers singulier, régressif, barbare sur fond d’après fin du monde.
On peut voir dans « Blue » et dans ce type de littérature de l’époque la peur de la destruction du monde par l’arme nucléaire, alimentée par les tensions de la Guerre Froide.
Cette peur fut une immense source d’inspiration pour les auteurs et réalisateurs de l’époque.
Moins abouti que « Argentine » sur l’aspect science fiction, « Blue » constitue néanmoins une lecture agréable et intense à réserver aux amateurs de récits d’anticipation sans concession.

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