Chroniques martiennes (Ray Bradbury)

Retour dans la SF des années 50 avec les très célèbres « Chroniques martiennes » de Ray Bradbury.
Publiées en plusieurs nouvelles, les « Chroniques martiennes » peut se lire comme un roman de vingt huit chapitres se déroulant temporellement entre 1999 et 2026.
On y découvre la volonté exploratrice de la Terre envoyant plusieurs vagues d’expéditions vers la planète Mars.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu puisque malgré quelques rêves prémonitoires des Martiens dotés de facultés télépathiques, les premiers cosmonautes sont pris pour des fous par les habitants et éliminés, leur fusée étant détruite.
La troisième expédition de 2001 n’est pas non plus la bonne puisque l’archéologue Spender perd la tête et abat ses coéquipiers avant d‘être pris en chasse par le capitaine Wilder.
Mais les autres explorateurs qui suivent découvrent un monde bien que similaire à la Terre, étrangement vide, les Martiens semblant avoir été décimés par la variole, maladie amenée par les Terriens au gré de leurs venues successives.
La place est donc libre pour les premiers colons qui commencent à s’implanter par vagues toujours plus nombreuses en plantant des arbres pour rendre l’atmosphère plus respirable.
Les prêtres ne tardent pas à venir, et le père Paradine se prend de fascination pour les sphères bleues représentant les derniers habitants intelligents de la planète.
Il trouve sa voie et prend la décision de rester sur place pour apporter la religion chrétienne à ce nouveau monde et ses habitants en apparence bienveillants.
Persécutés sur Terre, les Noirs pauvres partent massivement chercher une monde meilleur sur Mars à la grande irritation de leurs patrons propriétaires terriens.
Les Terriens bâtissent des villes similaires à celles de leur planète sur Mars et reproduisent un système similaire à celui États-Unis.
Certaines dérives apparaissent comme l'émergence de mouvements moralistes répressifs dont les inspecteurs zélés sont massacrés par des robots dans la nouvelle Usher II en un vibrant hommage à Allan Edgar Poe et Howard Philipps Lovecraft.
Lorsqu’une énorme guerre nucléaire éclate sur Terre, le mouvement s’inverse et les habitants inquiets pour leurs familles refluent sur la planète d’origine.
Sam Parkhill qui comptait profiter du développement pour faire fructifier sa compagnie de hot dogs prend peur lorsque les derniers Martiens l’abordent, en tuant plusieurs d’entre eux dans une fuite désespérée.
Malgré sa violence, les Martiens le pardonnent, lui annonçant leur départ définitif et faisant de lui le propriétaire d’un monde à présent bien vide.
Seuls quelques irréductibles solitaires comme Walter Gripp restent sur place, trop attachés à présent à leur vie martienne certains préférant mourir sur place comme Hathaway membre d’une des premières expéditions qui refuse de revenir sur Terre aux cotés de son capitaine.
A travers la lente dérive d’une maison entièrement automatisée tournant à vide avant de bruler, Bradbury évoque la destruction de la Terre ravagée par une guerre nucléaire reflet de la folie des hommes.
Seuls les derniers colons martiens, parvenus à une certaine stabilité, deviennent les derniers survivants de l’espèce humaine parvenant à cohabiter harmonieusement avec les Martiens restés sur place.
En conclusion, « Chroniques martiennes » est une construction graduelle au travers de courtes nouvelles en apparence anecdotiques, qui permettent de décrire le processus de déplacement de l’humanité de la Terre devenue inhabitable en raison de sa gestion irresponsable vers Mars, sensé leur donner une nouvelle chance d’accéder à une forme de sagesse.
Bien sur les débuts sont difficiles, les premiers explorateurs se faisant décimer par les populations martiennes télépathes et protéiformes, avant que la tendance ne s’inverse et que les Martiens ne finissent pas céder en apparence la place pour de mystérieuses raisons.
L’exercice contient bien entendu sa part d’hétérogénéité et rend difficile l’attachement à des personnages changeant pratiquement à chaque chapitre.
Malgré son statut de roman de SF historique adapté à la télévision puis au théâtre dans les années 60-70, « Chroniques martiennes » ne m’a pas enchanté outre mesure, peut être parce que le thème de la migration spatiale a été ensuite largement exploré par la suite dans la littérature et le cinéma.

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