Les fourmis (Bernard Werber)

J’étais resté sur un a priori peu avantageux par rapport à Bernard Werber et ses Thanatonautes, j’ai donc voulu lire son plus grand succès paru en 1991 « Les Fourmis ».
« Les fourmis » raconte deux histoires en parallèle, l’une d'un intérêt variable à l’échelle humaine avec la découverte par un serrurier au chômage du nom de Jonathan Wells d’un appartement légué par son oncle Edmund Wells, brillant entomologiste à la vie jonchée de mystères, l’autre complètement inattendue se situant à l’échelle des insectes avec la vie d’une cité- fourmilière de la foret de Fontainebleau appelée Bel-o-kan.
En grosse difficultés financières, Jonathan choisit d’emménager avec sa famille dans l’appartement situé dans le sous sol d’un immeuble non loin de la foret de Fontainebleau.
Réalisant qu’il ne connaissait pas très bien Edmund, Jonathan va faire des recherches et tomber sur une Encyclopédie du Savoir Absolu résumant les pensées scientifiques et philosophiques de son oncle désireux de faire progresser la science en pensant différemment.
A l’intérieur de l’appartement figure une porte condamnée donnant sur un escalier semblant descendre encore plus profondément sous terre.
Le testament de son oncle lui interdisant formellement d’ouvrir cette porte, Jonathan parvient un temps à juguler la curiosité de sa famille avant que l’inévitable ne se produise avec l’irruption du chien du foyer à l’intérieur.
Forcé à descendre Jonathan va mystérieusement disparaître laissant sa femme et son fils dans le plus grand désarroi.
L’enquête de police en résultant va amener a la disparition de toute personne se risquant à l’intérieur de ce mystérieux passage, que ce soit les policiers ou les pompiers.
Mais la véritable trouvaille du roman est de décrire de manière précise et quasi anthropomorphique la vie de quelques fourmis rousses de la foret de Fontainebleau tentant de résoudre une étrange affaire de complot et d’armes mortelles ayant décimé un groupe d’éclaireurs de leur colonie.
Le 327iéme mâle et la 58iéme femelle sont ainsi les protagonistes d’une incroyable odyssée à l’échelle miniature permettant de comprendre l’univers si complexe et fascinant de ses êtres au collectif incroyablement organisé ou chaque individu a sa fonction propre.
Qu’il soit ouvrier, gardien, artilleurs, fantassins ou sexués en vue de la reproduction de l’espèce, chaque individu œuvre pour le bien de sa cité-empire, servant sa Reine, infatigable reproductrice et livrant des guerres sans merci contre les autres colonies de fourmis qu’elles soient naines, rouges ou noires.
Werber décrit donc les mœurs des fourmis, leur capacités à s’auto-adapter à une situation donnée lors par exemple de l’épique bataille entre fourmis naines et rousses.
Le duo contre nature du mâle et de la femelle rousse va ainsi se trouver aux prises avec les proies et prédateurs naturels des fourmis que ce soient les pucerons, les limaces, les coléoptères, les araignées, les fourmillons, les lézards, les oiseaux et leurs ancêtres et ennemis de toujours les termites dont la civilisation atteint un niveau de complexité similaire.
Si 327 ne verra pas la fin du récit, 58 ieme aura l’immense honneur d’être fécondée, de fonder à son tour une nouvelle cité et de devenir la nouvelle reine de Bel-o-kan.
A la fin du roman, Werber fait coïncider les deux mondes en expliquant que Jonathan a découvert le laboratoire secret de son oncle enfoui sous terre et complétement auto suffisant.
Passionné par les fourmis, Edmund vivait en dessous de l’immense colonie Bel-o-kan de plusieurs millions d’individus et est parvenu à mettre au point une méthode de communication entre les humains et ses « protégés ».
Piégé volontaire dans ce laboratoire avec les autres personnes descendus avec lui, Jonathan décide donc de poursuivre l’œuvre de son oncle et d’opérer la grande jonction entre les deux espèces les plus évoluées de la planète dans le but de faire franchir un nouveau cap à la science.
En conclusion, « Les fourmis » m’a littéralement envoûté par le fond et la forme.
L’odyssée de ces deux petites fourmis luttant dans une jungle miniature et complexe est il est vrai fascinante.
Véritable vulgarisateur scientifique, Werber permet donc de mieux connaître la physiologie et le comportement de ces êtres régnant en maîtres sur le domaine de l’infiniment petit.
Bien sur les démêlées scientifico-philosphiques de Wells sont à mes yeux beaucoup moins captivantes mais il n’en demeure pas moins que « Les fourmis » reste un ouvrage unique, formidablement réussi et au succès largement mérité.
Mea culpa donc à propos de Bernard Werber.

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