Les cavernes d'acier (Isaac Asimov)

Isaac Asimov n’a étrangement jamais encore eu les honneurs de ces colonnes jusqu’alors, ce qui montre clairement que je suis beaucoup moins friand de romans de science fiction à l’heure actuelle que je l’étais il y a encore une dizaine d’années.
Sorti en 1954, « Les cavernes d’acier » fait partie d’une trilogie consacrée au robots, grand sujet de prédilection de la SF d’après guerre jusqu’à encore nos jours.
Ici, il est question d’un meurtre dans un futur proche, sur notre bonne vieille planète Terre complètement transformée et sur laquelle les humains survivent dans d’immenses conurbations souterraines auto suffisantes en électricité, air, eau et vivres.
Le meurtre en question se déroule à Spacetown, zone frontalière de New-York mais ségréguée dans laquelle vivent les descendants des colons terriens des mondes extra terrestres, plutôt mal perçus par les autres terriens.
La victime est le professeur Sarton, éminent scientifique de Spacetown.
Elijah Baley le policier New-Yorkais chargé de l’enquête par son supérieur hiérarchique le commissaire Julius Enderby, qui était à Spacetown au moment du meurtre.
Les deux hommes sont en bons termes, Baley étant un bon flic de terrain, tandis que Enderby est plus un bureaucrate.
L’enquête s’annonce délicate en raison de la situation politique explosive entre les deux communautés, aussi les Spaciens imposent ils un de leurs robots, R Daneel Olivaw pour travailler de concert à la résolution de l’énigme.
Baley est donc contraint par sa hiérarchie de travailler avec un parfait androïde, imitant à la perfection le comportant humain et doit surmonter la répugnance intime des Terriens à l’égard de créatures crées de toute pièces par les Spaciens.
Contre la promesse d’une promotion dans la hiérarchie des citoyens de la vielle, il se plie néanmoins aux ordres et fait connaissance avec le très poli Daneel avant qu’un premier incident éclate dans un magasin de chaussures, dans lequel une émeute éclate après qu’une femme ait refusé de se faire servir par un robot.
La situation s’envenime et l’autorité de policier de Baley n’est pas suffisante pour contenir la colère de la foule, aussi de manière surprenante Daneel prend il l’initiative de menacer les émeutiers d’une arme afin de les contraindre au calme.
Baley stupéfié par l’autorité de Daneel, le conduit néanmoins à son appartement pour le présenter à sa femme Jessie, qui se montre également très perturbée par l’apparence humaine du robot mais séduite par la promesse d’ascension sociale, pousse son mari à résoudre l’enquête.
Le duo insolite se met néanmoins au travail et Daneel révèle que Straton travaillait sur un nouveau matériaux combinant fer et carbone afin de créer une parfaite synthèse de l’humain et du robot, pour mettre un terme à la peur irrationnelle qu’impose ce dernier, peur puisant également ses racines dans les menaces de licenciement professionnel crées par la productivité supérieure des machines sur les hommes.
Assez rapidement, Daneel émet l’hypothèse que le tueur a emprunté un des chemins de campagne hors de la surveillance des accès traditionnels fait d’escaliers mécaniques à haute vitesse.
Flanqué de son associé, Baley se rend Spacetown interroger un des collègues de la victime le professeur Fastolfe et sous les yeux ébahis de son chef Enderby qui suit à distance l‘entretien, affirme qu’il n’y a pas eu de meurtre car en réalité, Straton était un robot.
Cette déclaration fracassante provoque un tollé et un débat quasi philosophique avec Fastolfe et Daneel, qui est suspecté malgré lui d’être en réalité un homme devient l’enjeu de la discussion et lorsqu’il révèle être en réalité bien un robot, Baley s’évanouit sous le choc.
Soigné sur place, Baley surmonte le ridicule de son échec et est à sa grande surprise maintenu dans ses fonctions et continue d’échanger avec Fastolfe pour mieux connaitre le mode de vie des Spaciens, à la longévité exceptionnelle car très peu soumis aux maladies et pratiquant un sévère contrôle de la natalité.
Face aux mouvements terriens dit « médiévalistes » prônant un retour à l’ancienne vie centrée sur la Terre, plus proche de la nature et à la rupture avec Spacetown, Fastolfe expose ses thèses pour pousser les humains à la colonisation d’autres mondes extraterrestres en s’appuyant sur leurs alliés robots, afin de résoudre les inévitables problèmes de démographie qui se poseront à mesure que la science progressera.
Ébranlé par ses thèses, Baley l’est encore davantage lorsque Daneel lui soumet l’hypothèse que Enderby, lui-même présent sur les lieux au moment du crime est en vertu d’un principe logique implacable, également suspect.
Mais Baley n’a pas le temps d’investiguer davantage sur son patron, puisque le duo de policier est pris en chasse par des médiévalistes qu’il sème à grand peine, en sautant de tapis roulant en tapis roulant.
Une fois remis de ses émotions, Baley convoque le Dr Gerrigel, un expert en Robotique pour en savoir plus sur les Robots.
Le savant lui énonce ce qu’est un robot avec à la clé l’énoncé des trois fameuses lois de la Robotique, qui édictent en premier principe le fait qu’un robot ne doit pas porter atteinte à la vie d’un homme ou tout faire pour la préserver, de lui obéir et en dernier lieu de préserver sa propre existence, mais semble complètement décontenancé lorsqu’il réalise que Daneel, est un robot imitant parfaitement l’homme et capable dans certaines conditions de le menacer comme lors de l’incident du magasin de chaussures.
Une fois Gerrigel parti, Baley reçoit un nouveau choc, lorsqu’il comprend que sa femme a été secrètement séduite par un mouvement médiévaliste et a été en contact avec Francis Clousarr, un activiste beaucoup virulent, détecté par l’analyse des suspects potentiels de Daneel, comme l’un des poursuivants des tapis roulants.
Baley admet la repentance de sa rêveuse de femme, et se rend avec Daneel dans une usine de fabrication de levure interroger Clousarr, personnage particulièrement revêche et hostile aux robots.
Mais l’interrogatoire tourne court lorsque Baley apprend la mort mystérieuse de R Sammy, robot travaillant au commissariat avec Enderby.
A sa grande surprise, Baley est suspecté par Enderby en raison de l’arme du crime, un vaporisateur nucléaire, qu’il aurait pu se procurer dans une centrale nucléaire traversée après la fuite face aux médiévalistes.
Soumis à la pression de Spacetown, qui désire clore l’enquête avant minuit, Baley joue son vatout et fait craquer Enderby en démontrant qu’il était un sympathisant médiévaliste et exploitant une vidéo compromettante, qu’il a utilisé R Sammy pour tuer Straton et ensuite le faire disparaitre.
Une fois Enderby confondu, Baley surprend ensuite en lui demandant d’utiliser son influence pour tenter de changer les mentalités en prônant la cohabitation pacifique entre hommes et robots.
Daneel finit par avouer à Baley que la résolution de l’enquête n’était qu’accessoire et que le but véritable de Spacetown, était d’utiliser la psychologie de Baley, plus accessible à leurs thèses, pour propager leur message de paix sur Terre et d’exode extra planétaire.
En conclusion, « Les cavernes d’acier » est un mélange de policier et de science fiction dont la lecture est au final plutôt pénible.
L’intrigue est extrêmement tortueuse et manque de rythme, les protagonistes s’égarant plutôt dans de longues discussions scientifico-philosophiques, que cherchant réellement à faire avancer l’enquête.
Asimov est bien entendu plus convaincant sur le terrain scientifique, avec une analyse plaisante de la cohabitation entre robots et hommes, devenant similaires physiquement tout en restant complémentaires, notamment dans la conquête spatiale.
Le modèle présenté est plutôt en effet pacifique, le robot n’étant plus vu comme une menace soit pour faire perdre son emploi aux humains faiblement qualifiés, soit pour en vertu de principes d’intelligence artificielle, prendre complètement le dessus sur ses créateurs.
Cette vision optimiste contraste avec celle plus négative des cités modernes, toujours plus gourmandes en énergie et de ce fait dépendantes de ressources de plus en plus difficiles à trouver et à acheminer pour faire face à une démographie en augmentation constante résultant des progrès scientifiques. La solution proposée, la colonisation de nouveaux mondes ne peut pour moi se suffire à elle-même puisque représentant une fuite en avant, et négligeant nettement l’existence d’espèces vivantes extra terrestres capables de s’opposer à cette entreprise de conquête qui serait nécessairement belliqueuse.
Ouvrage pionnier en son époque (les années 50), « Les cavernes d’acier » est 60 ans après, relativement intéressant sur le fond et plutôt faible sur la forme.

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