La guerre des mondes (H.G.Wells)



C’est en regardant le film de Steven Spielberg, terriblement impressionnant que j’ai eu envie de lire « La guerre des mondes » le classique  de H.G.Wells.
L’histoire peut paraître classique mais comparée à l’époque (1898) ou elle a été écrite elle est en réalité incroyablement avant-gardiste .
Le récit se déroule à Londres, ou un homme qu’on devine écrivain ou scientifique, raconte à la première personne du singulier l’invasion de la capitale britannique par une armée de Martiens.
A partir de la chute d’un objet cylindrique sur la Terre, Wells instaure un climat allant crescendo de la curiosité à l’inquiétude puis basculant dans l’angoisse et la panique quand la véritable nature belliqueuse des envahisseurs se révèle.
L’idée de base sur laquelle repose le roman est que les Martiens disposent d’une technologie supérieure à celle des humains et qu’ils ont pour désir de coloniser la Terre.
Pour se faire ils utilisent des machines sophistiquées comme d’immenses tripodes mécaniques de 30m de haut sur lesquels ils se déplacent à pas de géant.
Ils disposent aussi d’armes offensives terrifiantes comme de tubes capables de produire des Rayons Ardents détruisant et brûlant tout sur leur passage mais aussi une Fumée Noire mortelle.
Les armées humaines de la fin du XIX ième siècle sont donc rapidement mises en déroute et bien vite la ville se trouve complètement désorganisée.
Nous suivons donc le basculement de Londres dans le chaos, l’exode des populations civiles, les habituelles scènes d’émeutes, pillages et de meurtres qui surviennent lorsque des gens sont poussées à bout.
Le lecteur est rapidement captivé par le style clair, percutant de Wells et par son immense talent d’écrivain se traduisant par un sens du rythme, du suspens et de la description peu commun.
Le personnage principal erre, affamé et terrorisé comme un vagabond dans le Londres dévasté et désert d’une humanité en déroute.
Pour rajouter à l’horreur de la situation, on apprend que les Martiens capturent les êtres humains pour en aspirer le sang dont il se nourrissent.
Les hommes se retrouvent donc en position d’animaux chassés mis dans des sortes de paniers de pêche perchés sur les tripodes.
Alors que tout le monde s’apprête à se résigner à la domination martienne, l’invasion cesse aussi rapidement qu’elle a commencé, les envahisseurs succombant aux bactéries humaines que leurs organismes ne peuvent supporter.
Étrange paradoxe quand l’infiniment petit vient à la rescousse de créatures se croyant être l’égal des Dieux.
« La guerre des mondes » est un roman passionnant, effrayant, foisonnant d’idées d’une force peu commune.
Wells, homme de gauche aurait voulu écrire une dénonciation du colonialisme ou des hommes (souvent Blancs) asservissaient des populations entières de gens qu’ils considéraient comme des animaux.
Il y a aussi une captivante interrogation sur la prétendue supériorité de l’homme sur l’espèce animale.
Mais plus que ces grands thèmes de fond, j’ai apprécié les réflexions au vitriol contre les hommes attachés à leurs biens personnels, contre la religion, avec la présence d’un vicaire complètement dépassé par les évènements qui ne voit que dans l’invasion que l’accomplissement d’un châtiment divin et qui basculant dans la folie contraint le héros à un assassinat.
Il y a aussi une charge inouïe contre la bureaucratie, ces employés à la vie minable qui accepteront très vite la nouvelle loi du plus fort et de devenir du bétail pour Martiens avant d’être placidement saignés.
Encore plus intéressant est le personnage du soldat survivant, rêvant de fonder une nouvelle société souterraine, alors qu’on pourrait penser le héros (et donc Wells ?) séduit par ses idées, ce dernier se détourne en le qualifiant d’utopiste, de rêveur.
On serait donc tenté d’y voir une forme de condamnation de la révolution …
Au résumé si j’avais trouvé le film intéressant, le livre est comme souvent encore plus passionnant et constitue un des meilleurs livres de science fiction que j’ai lus de ma vie.
On pourra donc reprocher au film de Spielberg d’avoir changé le lieu de l’action, délaissant la Grande Bretagne pour les Etats-Unis et d’avoir quelque peu gommé le discours de gauche Wellsien.

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